Nous savons que l’art africain, et
particulièrement sa sculpture, a eu une influence majeure sur l’art européen
dès le début du 20e siècle : les visages peints par Braque, par
le dernier Picasso ou même par Modigliani.
Au cœur de l’Afrique, j’ai rencontré cet art,
mais très rarement. Je me souviens de la bonne surprise que j’ai eue, en 2012,
lors de notre premier accueil sur la Colline par les villageois. Au milieu des
cadeaux de bouteilles d’alcool et de bassines de maïs, est arrivé un sublime
masque sorti d’on ne sait où. Les confrères ne l’ont pas trouvé intéressant et
m’ont laissé le pendre dans ma chambre sur mon lit, où la divinité tutélaire
qui l’habite veille sur mes rêves kasaïens. Malgré quelques tentations, j’ai
préféré ne pas le prendre en Europe... Il est chez lui !
Depuis plus rien ! Si ce n’est des
marchands ambulants voulant me fourguer des statuettes en bois peint qui
semblaient avoir été fabriquées en Chine, ou en tout cas en Série !
Et voilà que l’autre jour, un jeune du village
me demande si je suis intéressé par les statues. Je lui dis que oui mais que je
suis très difficile et je lui montre quelques exemples dans la maison de ce que
je n’aime pas, mais aussi le masque que j’aime. Il voit que mon esthétique vise
haut et il part sans grand espoir de faire une bonne affaire financière...
Mais le lendemain il arrive avec une
merveille. Une sculpture d’un homme assis sur ses talons (40 cm de haut, 20 de
large). Deux petites mains posées sur ses cuisses. Un pagne qui semble fait de
peaux de crocodiles minusculement stylisées. Une grande tête haut perchée sur
le cou donnant un air de noblesse. Une
coiffe de chef est percée d’un trou mystérieux. Des yeux immenses et ironiques
dialoguent avec une bouche de la même forme d’amandes grillées. Un nombril gros
comme un enfantement de monde...
Un roi coutumier d’un époque révolue ? Un
dieu oublié ? ... Il est dans ma chambre sous mon masque. J’avais encore
la tentation de l’amener en Europe mais je pense qu’il va finalement rester au
pays...
Si quelqu’un peut m’aider à faire davantage
connaissance avec mon nouvel hôte, c’est bien volontiers que j’accepte tout
indice.
Mais terminons en beauté avec Aimé
Césaire :
AUCUNE RACE N’A LE MONOPOLE DE LA BEAUTE, DE
L’INTELLIGENCE, DE LA FORCE !