Mes vacances de début d’été m’ont conduit à Lourdes, presque désertée par les pèlerins en ces temps de complications sanitaires.
La ville est pratiquement vide et les rues ont un drôle d’aspect avec les stores baissés de beaucoup de magasins de médailles et de statues fluorescentes. Pour ne pas laisser ma prière déprimer, je flâne dans de petites ruelles inconnues, entre le bord de la rivière et la ville haute.
Une vitrine retient mon attention. On y voit une immense icône de la Trinité de Roublev, qui occupe tout l’espace de l’échoppe. Drôle de magasin, me dis-je. En fait ce n’en est pas un. C’est un lieu d’accueil pour les paumés et les précaires de la ville, un relais de l’assistance sociale. Devant la vitre, sur le trottoir et sous un panneau de sens interdit, cinq chaises en plastique dépareillées et déglinguées. Trois brunes assez sales et usées, une blanche et une vert sombre, rafistolée avec des bandes adhésives oranges. Elles étaient là, accueillantes et presque souriantes, attendant qu’on veuille bien s’asseoir dans l’ombre rafraichissante de la Trinité.
Ce fut cette année mon enseignement de Lourdes sur l’Eglise, sans doute tout aussi pertinent que les sermons des évêques devant leurs pèlerinages diocésains à la Grotte.
Car c’est peut-être cela l’Eglise : de pauvres présences, abimées mais accueillantes, pleines d’éraflures et d’espérance, qui s’offrent à l’ombre lumineuse de la Trinité. Même à côté d’un panneau de sens interdit, le passage dans cette ruelle est ravigotante.
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