le croissant

Tu as tort de tremper ton croissant de lune dans la mer, il va être trop salé (je t’aurai prévenu).

Eric Chevillard 

Solution de l'énigme

Il s’agit de Simon de Cyrène, portant la croix à la suite de Jésus (Luc 23,26). C’est la scène de la cinquième station du Chemin de croix, que l’on trouve traditionnellement dans la plupart des églises catholiques. 

Ce qui est intéressant ici c’est à la fois la composition moderne du motif et la matière utilisée, l’art du tissage. Ces 14 œuvres d’art se trouvent dans l’église de Bassecourt dans le canton du Jura. 

l'énigme biblique de la semaine

Non ce n’est pas Jonas, bataillant avec les eaux de la mer avant d’être avalé par la baleine. C’est un personnage du Nouveau Testament. Qui ? 

nos cicatrices

La cathédrale d’Amiens est sur le podium des trois plus grandes cathédrales de France et c’est une splendeur de l’art gothique. J’y arrive par un petit lundi matin frais, alors que les petits commerces de la métropole picarde se réveillent et s’ébrouent sur les ruelles. La cathédrale regarde tout cela d’un air à la fois détaché et maternel et m’invite à entrer. 

L’intérieur resplendit de grâce et de légèreté lumineuse. On ne saurait décrire l’impression que donnent cet espace bien découpé en nefs et absides démultipliées, cet élancement de colonnes vers les voûtes délicatement brisées et ces grands espaces qui permettent aux vitraux d’offrir le meilleur d’eux-mêmes.

Malheureusement en ces zones du pays de France martyrisées par les guerres, lesdits vitraux ont souvent été abîmés et détruits. Par endroit ils ont été remplacés par des compositions modernes ou par de simples grisailles. Mais il y a encore mieux et encore plus émouvant ! Dans une déambulatoire, un vitrail hétéroclite attire mon regard : est-il moderne ou ancien ? En fait il s’agit d’une composition moderne faite d’une multitude de petits morceaux de vitraux anciens. On voit sur ces éclats de verre, des figures coupées, des demi-visages, des bouts de végétation venus tout droit du Moyen Age. La cathédrale porte ainsi, dans sa chair de lumière, les stigmates de son histoire. 

Un peu comme nous finalement : chaque carré de notre chair se souvient mystérieusement de toutes ses blessures et les balade allégrement à travers les ans vers l’éternité. 

la solution de l'énigme

Les chiens ne sont pas les bienvenus dans l’enclos sacré.

A Schmitten près de Davos dans les Grisons, une belle colline herbue se dresse près du village. Au sommet de celle-ci se trouve un enclos contenant une petite église romane magnifique, l’église paroissiale de style baroque et le cimetière. 

Près du petit portail d’entrée on voit juxtaposées une inscription et une petite niche (!) avec une statue de Marie qui accueille les visiteurs mais préfère que les chiens attendent dehors ! 

l'énigme de la semaine

 

Warum ?

la Trinité

Mes vacances de début d’été m’ont conduit à Lourdes, presque désertée par les pèlerins en ces temps de complications sanitaires. 

La ville est pratiquement vide et les rues ont un drôle d’aspect avec les stores baissés de beaucoup de magasins de médailles et de statues fluorescentes. Pour ne pas laisser ma prière déprimer, je flâne dans de petites ruelles inconnues, entre le bord de la rivière et la ville haute. 

Une vitrine retient mon attention. On y voit une immense icône de la Trinité de Roublev, qui occupe tout l’espace de l’échoppe. Drôle de magasin, me dis-je. En fait ce n’en est pas un. C’est un lieu d’accueil pour les paumés et les précaires de la ville, un relais de l’assistance sociale. Devant la vitre, sur le trottoir et sous un panneau de sens interdit, cinq chaises en plastique dépareillées et déglinguées. Trois brunes assez sales et usées, une blanche et une vert sombre, rafistolée avec des bandes adhésives oranges. Elles étaient là, accueillantes et presque souriantes, attendant qu’on veuille bien s’asseoir dans l’ombre rafraichissante de la Trinité. 

Ce fut cette année mon enseignement de Lourdes sur l’Eglise, sans doute tout aussi pertinent que les sermons des évêques devant leurs pèlerinages diocésains à la Grotte.

Car c’est peut-être cela l’Eglise : de pauvres présences, abimées mais accueillantes, pleines d’éraflures et d’espérance, qui s’offrent à l’ombre lumineuse de la Trinité. Même à côté d’un panneau de sens interdit, le passage dans cette ruelle est ravigotante. 

la solution de l'énigme de l'Assomption

Il s’agit de saint Pierre Favre, un des saints préférés du Pape François. 

Pierre Favre est né au Villaret, en Haute Savoie, près du Grand-Bornand. Il a été, avec François Xavier, le plus proche compagnon d’Ignace de Loyola. Etudiant avec eux à Paris, il a fait son engagement religieux à Montmartre le 15 août 1534, fondant ainsi la compagnie de Jésus (les jésuites). Il parcourt ensuite l’Europe, à l’époque de la Réforme, enseignant  avec les armes de la charité, du dialogue et de la bienveillance, et appuyant son action sur une spiritualité simple et profonde, marquée par une intimité avec Marie et les saints, dont son œuvre majeure, sorte de journal spirituel, le Mémorial, témoigne. 

Le pape François, jésuite comme lui, l’a canonisé en 2013. 

La statue présentée ici se trouve dans l’église de Saint-Jean de Sixt, sa paroisse de baptême, en Haute Savoie. Le bâton et le chapeau le présentent en prêtre itinérant ce qu’il fut toute sa vie.

l'énigme oblique de l'Assomption

Saint de nos Alpes, il est devenu religieux un jour d’Assomption et a toujours eu un culte très personnel et simple à la Vierge Marie. De qui s’agit-il ?  

la lumière

Lever de soleil sur l'abside orientée de la cathédrale de Laon

Je me suis offert récemment un beau chemin à travers le Moyen-Age ! Dans son magnifique roman médiéval sur la construction des cathédrales, Les Piliers de la terre, Ken Follett met en scène un tailleur de pierre génial, architecte quasi autodidacte, toujours en avance dans les arts de la construction d’églises, en pleine évolution entre le style roman et le gothique. Alors que les autres tailleurs sculptent des décorations végétales pour des chapiteaux assez rudimentaires et convenus, lui ne rêve qu’à des scènes bibliques et des personnages fantastiques. Un jour sans en référer à ses patrons il sculpte un chapiteau représentant un homme écrasé par le poids des arcs qui viennent s’appuyer sur son dos. Tellement réaliste que les autres en ont peur et écartent le pauvre génie qui parcourra l’Europe pour alléger tant son destin que les murs des cathédrales. Et il réussira...

Le Moyen-Age a réussi le tour de force d’alléger ses cathédrales pour qu’elles montent toujours plus haut, pour qu’elles accueillent, par leurs vitraux, toujours plus de lumière. Je me demande si au niveau de la civilisation, l’idéal n’est pas de s’alléger, de donner toujours de prise à la lumière et à la hauteur, de faire qu’il y ait de moins en moins de gens écrasés par des poids trop lourds. Est-ce dans ce sens que va notre civilisation actuelle ?

Ce qui vaut pour les sociétés est peut-être aussi vrai pour nos petites vies personnelles : s’alléger, alléger les autres, offrir toujours plus de prise à la lumière. Beau défi. 

la solution de l'énigme

Il s’agit du prophète Daniel. Cette sculpture est un panneau de la grande chaire de la Cathédrale Saint-Maurice d’Angers.

Le prophète est en train d’expliquer une de ses prophéties, qui est illustrée derrière lui. 

L’inscription «  DE MONTE ABSCISSUS EST LAPIS SINE MANIBUS », c’est-à-dire : DE LA MONTAGNE SE DETACHA UNE PIERRE SANS LES MAINS (=SANS QU’ON Y TOUCHE), est un passage que l’on trouve en deux endroits de la prophétie biblique : en Daniel au chapitre 2, verset 34 et verset 45...

La prophétie qui montre l’inanité des royaumes orgueilleux de la terre reste très actuelle, malheureusement ! Mais la confiance dans l’action du Seigneur dans l’histoire des hommes, fait aussi partie de cet enseignement prophétique. Heureusement ! 

 

Le texte :
31 Ô roi, voici ta vision : une énorme statue se dressait devant toi, une grande statue, extrêmement brillante et d’un aspect terrifiant.

32 Elle avait la tête en or fin ; la poitrine et les bras, en argent ; le ventre et les cuisses, en bronze ;

33 ses jambes étaient en fer, et ses pieds, en partie de fer, en partie d’argile.

34 Tu étais en train de regarder : soudain une pierre se détacha d’une montagne, sans qu’on y ait touché ; elle vint frapper les pieds de fer et d’argile de la statue et les pulvérisa.

35 Alors furent pulvérisés tout ensemble le fer et l’argile, le bronze, l’argent et l’or ; ils devinrent comme la paille qui s’envole en été, au moment du battage : ils furent emportés par le vent sans laisser de traces. Quant à la pierre qui avait frappé la statue, elle devint un énorme rocher qui remplit toute la terre.

36 Voici le songe ; et maintenant, en présence du roi, nous allons en donner l’interprétation.

37 C’est à toi, le roi des rois, que le Dieu du ciel a donné royauté, puissance, force et gloire.

38 C’est à toi qu’il a remis les enfants des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux du ciel, quelle que soit leur demeure ; c’est toi qu’il a rendu maître de toute chose : la tête d’or, c’est toi.

39 Après toi s’élèvera un autre royaume inférieur au tien, ensuite un troisième royaume, un royaume de bronze qui dominera la terre entière.

40 Il y aura encore un quatrième royaume, dur comme le fer. De même que le fer brise et écrase tout, de même, il pulvérisera et brisera tous les royaumes.

41 Tu as vu les pieds qui étaient en partie d’argile et en partie de fer : en effet, ce royaume sera divisé ; il aura en lui la force du fer, comme tu as vu du fer mêlé à l’argile.

42 Ces pieds en partie de fer et en partie d’argile signifient que le royaume sera en partie fort et en partie faible.

43 Tu as vu le fer associé à l’argile parce que les royaumes s’uniront par des mariages ; mais ils ne tiendront pas ensemble, de même que le fer n’adhère pas à l’argile.

44 Or, au temps de ces rois, le Dieu du ciel suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et dont la royauté ne passera pas à un autre peuple. Ce dernier royaume pulvérisera et anéantira tous les autres, mais lui-même subsistera à jamais.

45 C’est ainsi que tu as vu une pierre se détacher de la montagne sans qu’on y ait touché, et pulvériser le fer, le bronze, l’argile, l’argent et l’or. Le grand Dieu a fait connaître au roi ce qui doit ensuite advenir. Le songe disait vrai, l’interprétation est digne de foi. »

 

 

l'énigme oblique et biblique

Un prophète. Lequel ?  

un rien

C’est fou 

Ce que RIEN 

Peut être

BEAU 

la solution de l'énigme du chapeau

Il s’agit du chapeau de la Vierge Marie, sur la peinture de la Visitation à Abondance en Haute Savoie, pas très loin du Valais.

L’Abbaye d’Abondance, était au Moyen Age une filiale de mon Abbaye de Saint-Maurice. Elle a connu bien des péripéties au cours de son histoire jusqu’à son extinction quelques années avant la Révolution.

On peut encore visiter l’église et le cloître. Les bâtiments conventuels restants abritent aujourd’hui la mairie et un musée d’arts religieux.

Si l’église est intéressante, le cloître vaut vraiment le détour. Des peintures murales ornent ses galeries. Elles ont été réalisées au début du XVème siècle, dans un style populaire à l’italienne. Elles retracent le cycle de vie de la Vierge Marie dans un décor mettant en avant la Savoie médiévale.

Dans le musée, j’ai trouvé  cette Visitation,  une représentation de Marie rencontrant Elisabeth sa cousine, après un long voyage de Galilée en Judée. Voir Marie avec un chapeau de voyageuse est pittoresque. Plus étonnant encore : la présence, dans le ciel, du Christ avec sa croix comme une anticipation du destin de Jésus, présent à la Visitation dans les entrailles de sa mère. 

 

Les noces de Cana dans le cloître