vendredi 23 avril 2021

le dallage et la fourmi




Un jeudi soir de mars, 18h, heure de Kigali, notre fuseau horaire au Kasaï. Je suis dans notre petit oratoire de communauté pour notre heure d’adoration hebdomadaire. J’aime bien cette pause de silence un peu frais après les chaudes agitations de la journée. Le soleil descend sur l’horizon dans mon dos. Moi je regarde le Saint Sacrement enchâssé dans un ostensoir en bois décoré à l’africaine par la menuiserie « d’art » de la colline. 

De temps en temps, j’ose l’avouer, mes yeux partent ailleurs. Notamment sur le dallage de la chapelle. Il est décoré de volutes croisées rouges et noires qui font comme des chemins bien agencés sur le sol gris. 

Je vois une fourmi, toute petite, déambulant sur ce bel enchevêtrement. C’est passionnant, une fourmi. Qu’est-ce qui se passe dans sa minuscule tête pour agiter fébrilement ses pattes sur des chemins de hasard ? Elle avance, puis rebrousse chemin, vire à gauche, puis fonce en avant. Qu’est-ce qu’elle cherche ?

Il me faut tirer une leçon de ma fourmi pour que cet instant de mon temps d’adoration devienne aussi prière devant mon Seigneur... Alors je me demande si, alors que nous nous efforçons de le regarder, ce n’est pas lui, le Seigneur Très haut et surplombant tout, qui regarde par terre et se demande ce qui se passe dans nos minuscules têtes, dans nos âmes infimes, pour courir à tout-va sur des chemins peu ordonnés. Heureusement, contrairement à moi, sa bienveillance légendaire n’est pas tentée de nous écraser d’un fatal coup de semelle. 

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