PETIT ROMAN D'ETE. Rapatrié d’urgence de RDC suite à une infection, je vous raconte ici quelques moments mémorables d’une odyssée spéciale en plein coronavirus.
LE JARDIN
Lorsqu’on m’a demandé, par téléphone au Congo, dans quel hôpital régional je voulais être admis en Suisse, j’ai dit sans hésiter : Rennaz. Parce que l’hôpital est flambant neuf et que je me réjouissais de le découvrir de face, vu que, de dos et de l’autoroute, il ne présente que l’aspect désolant d’un entrepôt de tuyaux de construction !
J’arrive en plein psychodrame financier et politico-administratif, mais je n’en ai cure, j’ai mes problèmes à moi. Et je suis enthousiasmé. Cet hôpital est très grand, très high tech et surtout très beau pour ceux qui aiment l’architecture moderne et sobre. Si on dépasse le côté austère et froid de l’ensemble, on est conquis par les longues perspectives de couloirs que coupent des vues sur des extérieurs de petites courettes en jardins et prairies...
Outre que la prise en charge est optimale, ma chambre m’enchante : une grande verrière donne sur le ciel, sur les montagnes et les forêts des hauts de Montreux, décor sur lequel des parapentistes peignent des figures acrobatiques et colorées. Puis plus bas et plus près, un petit muret soustrait à ma vue la zone industrielle de Villeneuve et garde, juste pour moi, un petit jardin de fleurs sauvages. Chaque jour de nouvelles couleurs - des violets, des bleus, des rouges - habillent le vert des herbes folles...
Je rêve aux prés de chaume de ma colline au Congo, aux lis orangers et autres fleurs blanches qui viennent déranger l’harmonie verte des paysages kasaïens. La boucle est bouclée.