Ce n’était peut-être pas un canular, mais cela en avait tout l’air. Notre communauté de la savane a reçu un programme de réjouissances venant d’une communauté religieuse jubilaire de la ville. On nous invitait à des conférences, des concerts et même à une kermesse.
Un NBvenait conclure ce petit calendrier alléchant : Prière d’amener l’argent pour acheter ceux dont vous avez besoin.
Comme je n’ai besoin d’acheter personne, j’ai éclaté de rire devant le lapsus orthographique. J’ai immédiatement pensé à la traite d’esclaves dont le continent qui m’accueille a été la triste victime ; c’est presque du passé, un passé terrible dont on ne va pas faire mémoire par une kermesse (peut-être une messe !).
J’ai pensé aussi à la corruption qui ici n’est malheureusement pas du passé. On achète tout le monde : pour passer une barrière routière sans encombre on glisse un billet dans la manche distraite du policier armé ; pour hâter l’officialisation d’une école privée, on donne un billet à l’inspecteur après lui avoir offert la bière, le repas et le transport ; pour ne pas avoir trop à attendre debout à l’aéroport, on glisse l’air de rien un billet à celui qui connaît le chemin du salon vip... etc...
Je me demande alors s’il n’y a pas une parenté profonde entre l’esclavage d’antan et le système de corruption généralisée dans lequel se débattent aujourd’hui beaucoup de pays du Sud... Il y a un tissu serré d’oppressions de l’homme sur l’homme dont il faut être conscient pour le déchirer courageusement et sans répit.
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