Sylvain Kalamba a 21 ans, il habite le village de la colline de Malandji, au Kasaï central, sur la paroisse des Pères de Saint-Maurice. Ceux-ci, en partenariat avec l’association franco-suisse ABLFC (a better life for children), ayant détecté en lui un certain potentiel l’ont parrainé et envoyé à l’internat du lycée catholique de Mikalayi, où Sylvain est actuellement finaliste (dernière année, celle du diplôme d’Etat, le bac congolais) en option pédagogie générale. Il a vécu ces élections avec un regard tout particulier.
QUEL RÔLE AS-TU JOUÉ DANS CES ÉLECTIONS ?
J’étais observateur de leur bon déroulement! Techniquement OCTS (observateur à court terme supérieur), c’est-à-dire que j’étais le responsable, le coordinateur des observateurs de mon centre de vote.
QUI T’A CONTACTÉ POUR TE DEMANDER DE TENIR CE RÔLE ?
C’est mon professeur de méthodologie générale et spéciale qui m’a sollicité. Quand il a vu mon application dans ses enseignements, surtout lorsqu’il dictait le résumé de ses cours,
il m’a dit qu’il allait m’engager comme observateur de la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo). Cet enseignant était lui-même choisi par le prêtre coordinateur des observateurs de la CENCO pour toute la province.
POURQUOI AS-TU ACCEPTÉ ?
Je ne pouvais pas refuser. Il m’avait expliqué la tâche qui consistait surtout à être capable d’envoyer des messages SMS depuis un bureau de vote jusqu’au serveur central de la CENCO. Des messages sur ce que je voyais dans le centre d’élection, sur le contrôle des numéros officiel du centre. Au départ j’ai accepté surtout pour des raisons techniques...
Puis nous avons été formés, dans notre école, en quatre soirées. Etant interne, je ne pouvais pas me déplacer dans un autre village pour la formation ; alors j’ai dû trouvé trois amis et nous avons reçu notre formation au lycée : Nous devions étudier sept formulaires :
1. sur les membres du bureau de vote et de dépouillement.
2. sur l’aménagement et l’ouverture du bureau de vote
3. sur la présentation des urnes, l’encre indélébile, les bulletins vierges, les 5 premiers membres votants.
4. sur le dépouillement.
5. sur les résultats de l’élection présidentielle
6. sur les résultats des députés par partis ou regroupement politiques
7. sur les incidents.
EN QUOI CONSISTAIT TA CHARGE ?
Je devais contrôler si les contenus des 7 formulaires étaient bien respectés
OÙ SE TROUVAIT TON CENTRE ?
C’était un des 3 centres électoraux de ma paroisse, dans le hameau Tshiamua Bantu. Dans ce centre il y avait 6 machines à voter, 3 fonctionnaient et 3 en réserve.
POURQUOI AS-TU ÉTÉ PLACÉ DANS CE CENTRE ?
On a choisi de me mettre dans ma paroisse plutôt que d’aller dans un centre plus éloigné, pour des raisons pratiques de transport...
COMMENT S’EST PASSÉE TA JOURNÉE ?
J’ai quitté la maison des Pères (pendant les vacances j’habite près des Pères de Saint Maurice) à 17 h le samedi pour arriver à 19h. Je me suis présenté aux agents et je leur ai montré ma carte d’accréditation. Ils ont vérifié la validité de la carte et j’ai dû rester avec les agents et deux policiers toute la nuit ; nous étions 13 personnes. Le matin on s’est réveillé à 5 h. On a installé la machine à voter pour qu’elle fonctionne. On a installé les files d’attente devant les bureaux avec les bandes de la CENI (Commission électorale nationale indépendante).
À 5h45, les témoins sont arrivés. Un témoin est un représentant d’un parti qui surveille les votes des candidats. Par exemple : ils donnent les numéros des candidats aux électeurs qui ne les savent pas.
6h, la première personne a voté : le directeur de l’école ; puis un assesseur ; puis moi ; puis deux témoins ; puis les gens du village. Au début il y a eu peu de monde à cause de la menace de la pluie, mais à partir de 8h il y a eu du monde. Beaucoup. La cour était pleine de gens.... Jusqu’à 17h ; puis nous avons encore attendu les retardataires...
J’ai eu l’impression que, malgré tout, cela s’est bien passé.
C’EST LA PREMIÈRE FOIS QUE TU VIS DES ÉLECTIONS. QUEL EST TON SENTIMENT ?
Je pensais qu’il y aurait des violences et en fait il n’y en a pas eu. Les gens me respectaient. À cause du gilet officiel que je portais, avec son inscription : Observation électorale ; JPC (Commission Justice et Paix) / CENCO. Je n’ai pas eu de mauvaises surprises.
PENSES-TU QUE TON RÔLE A ÉTÉ IMPORTANT ET UTILE ?
Oui, parce que j’ai senti que les gens me respectaient quand je disais qu’il y avait trop de monde dans le bureau. Et par exemple quand j’ai dû intervenir : une maman était venue élire son mari candidat. Mais sur la machine elle s’est trompée de numéro et elle a pleuré. Un agent voulait la chasser et je suis intervenu. On a pu annuler le bulletin et elle a pu revoter, grâce à moi !
COMMENT VOIS-TU LA SUITE DE CES ÉLECTIONS ?
J’ai contrôlé le dépouillement, je suis resté jusqu’à 2 heure du matin le lundi. Puis quand ils eurent fini, je me suis reposé, les témoins étant partis. Nous avons dormi avec les machines et les urnes. J’ai fermé le kit bureautique où se trouvaient les PV. On a fermé la machine...
Dans mon centre de vote cela s’est bien passé, mais je sais que ce n’était pas toujours le cas et cela dépendait aussi de la formation des observateurs qui n’était pas toujours idéale.
ET GLOBALEMENT, POUR L’ENSEMBLE DU PAYS ?
D’après moi, les élections se sont bien passées,
Pour la suite du processus, nous attendons ... un nouveau président.
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