Il ne se passe pas un mois sans que les
confrères de ma communauté du Congo ne doivent résoudre un problème de
relations juvéniles et de planning familial.
Voilà un papa qui a trouvé sa fille en fâcheuse
posture avec un garçon du village et qui vient soumettre le cas au curé afin
que celui-ci fasse le médiateur pour traiter avec la famille sur l’amende que
le garçon doit payer. Dans ces cas c’est toujours la faute au garçon.
Voilà une fille qui souhaite quitter l’école
pour aller au mariage et il faut lui trouver un mari et s’entendre sur la dot
entre les deux familles ; seulement la fille n’est plus intacte, elle a
été « déviergée » (sic) par un jeune qui nie et refuse donc de payer
l’amende à la famille (par exemple : trois chèvres et deux pagnes etc,
âprement négociés)...
Et ainsi de suite, et des meilleures. J’ai vu
et entendu beaucoup de cas de figures, extrêmement variés. Derrière tout cela
il y a bien sûr beaucoup de souffrance et de misère, mais aussi beaucoup de
jalousie, de désir de nuire, d’avidité (pour, dans la dot ou l’amende, une
chèvre en plus ou une poule en moins). Les gens s’endettent, la misère empire
et comme le plaisir sexuel reste un des derniers plaisirs qu’on peut
difficilement enlever aux pauvres, on tombe dans un cercle... vicieux !
La situation des filles est assez terrible. Il
faudrait qu’elles étudient pour que leur condition s’améliore. Mais il faut
déjà un certain degré de libération féminine pour se rendre compte qu’une libération
par les études est nécessaire. On voit bien que beaucoup de filles ne sont à
l’école que comme un pis-aller. Il y a même des écoles qu’on appelle
ironiquement « j’attends-mon-mari », où il ne faut pas parler
mathématiques ou géographie mais simplement « coupe et
couture ».
Comme l’assimilation de la conjugaison
française laisse à désirer, on dit aussi « j’entends mon
mari ! ». Ce qui est très poétique finalement. C’est une citation du
Cantique des cantiques (chapitre 2, verset 8) !!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire