jeudi 18 mai 2017

le planning familial

Il ne se passe pas un mois sans que les confrères de ma communauté du Congo ne doivent résoudre un problème de relations juvéniles et de planning familial.
Voilà un papa qui a trouvé sa fille en fâcheuse posture avec un garçon du village et qui vient soumettre le cas au curé afin que celui-ci fasse le médiateur pour traiter avec la famille sur l’amende que le garçon doit payer. Dans ces cas c’est toujours la faute au garçon.
Voilà une fille qui souhaite quitter l’école pour aller au mariage et il faut lui trouver un mari et s’entendre sur la dot entre les deux familles ; seulement la fille n’est plus intacte, elle a été « déviergée » (sic) par un jeune qui nie et refuse donc de payer l’amende à la famille (par exemple : trois chèvres et deux pagnes etc, âprement négociés)...
Et ainsi de suite, et des meilleures. J’ai vu et entendu beaucoup de cas de figures, extrêmement variés. Derrière tout cela il y a bien sûr beaucoup de souffrance et de misère, mais aussi beaucoup de jalousie, de désir de nuire, d’avidité (pour, dans la dot ou l’amende, une chèvre en plus ou une poule en moins). Les gens s’endettent, la misère empire et comme le plaisir sexuel reste un des derniers plaisirs qu’on peut difficilement enlever aux pauvres, on tombe dans un cercle... vicieux !
La situation des filles est assez terrible. Il faudrait qu’elles étudient pour que leur condition s’améliore. Mais il faut déjà un certain degré de libération féminine pour se rendre compte qu’une libération par les études est nécessaire. On voit bien que beaucoup de filles ne sont à l’école que comme un pis-aller. Il y a même des écoles qu’on appelle ironiquement « j’attends-mon-mari », où il ne faut pas parler mathématiques ou géographie mais simplement « coupe et couture ». 
Comme l’assimilation de la conjugaison française laisse à désirer, on dit aussi « j’entends mon mari ! ». Ce qui est très poétique finalement. C’est une citation du Cantique des cantiques (chapitre 2, verset 8) !!


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