dimanche 19 février 2017

la souffrance et la fatalité

Dans ma province du Congo les routes sont dans un état déplorable et je vois la décrépitude s’installer plus durablement à chacun de mes retours d’Europe. C’est actuellement la saison des pluies et la piste qui traverse notre paroisse est ravagée par de très nombreuses ravines. Nous essayons, tant bien que mal d’encourager les villageois à réparer sans tarder, pour que le point de non-retour ne soit pas atteint... Les autorités ne font absolument rien, prétextant que c’est une route privée, alors qu’elle dessert environ 5000 habitants.
 Mais sur la grand-route « publique » qui conduit de Kananga vers la capitale (photo à la sortie de la ville ! ce serait une autoroute A7 en Suisse) et qui passe au bas de notre colline, la situation n’est guère meilleure. Dès que la déclivité se fait sentir l’eau dévale au milieu de la « chaussée » et forme des trous qui rendent le passage des véhicules à quatre roues très difficile et même impossible pour certains. L’incurie des autorités de la ville est telle qu’elles découragent toute initiative privée voulant améliorer la situation. Ce qui fait que chacun devient fataliste et se demande ce qu’il en sera, demain, de la liaison avec le centre-ville...
 Hier un camion surchargé de personnes et de marchandises revenait, par cette route, d’un grand marché rural vers la ville de Kananga. Dans une passe difficile, le conducteur a fait descendre tout le monde. Seuls un vieux monsieur impotent et une dame qui tenait à avoir l’œil sur ses biens ne sont pas descendus... le camion a mal négocié le passage d’un ravinement difficile et s’est renversé. Le monsieur et la dame sont morts écrasés par le camion et son amoncellement de marchandises. Les conducteurs se sont enfuis avant l’arrivée de la police. Pour éviter les pillages de la nuit, une petite troupe de policier est chargée de garder la cargaison renversée, mais il y a tout lieu de croire qu’une partie disparaîtra malgré tout à la faveur de l’obscurité... et que les policiers sauront très bien où elle est.
 Que dire de plus ? L’autre jour j’ai vu écrit sur une maison : « La souffrance n’est pas une maladie mais une étape de la vie »... Je veux bien, mais je trouve que beaucoup d’étapes de la vie sont très ravinées dans ce pays...

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