Dans l’avion qui me ramène au Congo pour un
vol de huit heures, j’ai la possibilité de visionner quelques films. Je choisis
« Macbeth » une adaptation de 2015 de la célèbre pièce de Shakespaere.
Une tragédie terrible sur les effets destructeurs du mal et de la culpabilité. Le
noble écossais Macbeth et son épouse tuent par ambition leur roi pour régner à
sa place. Mais dès ce meurtre l’engrenage du mal est lancé, la folie s’épanouit
jusqu’à l’absurde et jusqu’à la mort des deux protagonistes... La tragédie de
Shakespeare est un chef-d’œuvre incontesté. On s’accorde à définir un chef
d’œuvre comme une œuvre à portée universelle, qui « parle » quelles
que soient la géographie et l’époque. Macbeth parle donc de la situation au
Congo, où j’atterris après le film !
Les engrenages terribles de l’ambition, du
pouvoir, de la corruption, des violences mortifères sont omniprésents ici à
tous les niveaux. Il y a des Macbeth et des Lady Macbeth au sommet de l’Etat
comme derrière les cases des hameaux de brousse. Mais alors... comment
préserver sa propre part d’innocence lorsque tout est faussé et tellement embué
de mal et de désespoir ?
Peut-être en étant lucide sur soi-même. Parce
que Macbeth est aussi en moi, je le dorlotte facilement au milieu de mes
pensées cancérigènes, au cœur de mes idées délétères. Si je sais débusquer les
meurtriers qui sont en moi, je préserve mieux mes parts d’innocence, et aussi
celles de tous les autres.