dimanche 31 décembre 2017

voeux de bonne année


Ce matin
j’ai placé ma petite icône
de la Sainte Famille devant moi...
J’ai fermé les yeux,
j’ai voulu prier...
Cela marchait moyennement...
Dernier jour d’une année
chargée d’émotions diverses...
et bientôt une nouvelle...
Que sera-t-elle ?
J’ouvre les yeux :
une coccinelle du 31 décembre
se baladait près de l’icône.
Clin d’œil du Bon Dieu avec sa petite bête.

J’étais tout bête.
L’année va bien commencer...
Meilleurs vœux à tous.

dimanche 17 décembre 2017

Noël

En novembre, je rentrais en Suisse. A l’aéroport de Kananga (RDC), on m’installe au salon VIP pour m’éviter charitablement la cohue du check-in. Des fauteuils cossus et inconfortables occupent tout l’espace.

Dans un coin un écran plat diffuse la chaine télévisuelle nationale que presque personne ne regarde, car on y voit le président de la République ne pas dire ce que tout le monde attend, puis de la publicité pour des laits de beauté, puis de la promotion pour l’Education avec des salles de classe montées en studio car il n’y en a pas d’aussi belles sur tout le territoire national.

Bref de la propagande gouvernementale que personne n’écoute : ni l’économiste avec attaché-case qui téléphone à mes côtés,  ni la famille qui babille au coin autour de la grand-mère en partance, ni le pasteur évangélique qui caresse sa croix pectorale sur sa chemise violette épiscopalienne, ni la sœur missionnaire qui vient accompagner un prêtre ami qui retourne à la capitale.

Et puis tout à coup, un silence et une musique. Le grand air de la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak a mis tout le monde bouche bée devant l’écran. Une chorale du cru chante le refrain et un petit garçon débite admirablement la mélodie sur fond de Congo enchanteur !

On est au delà-de la propagande. Une source jaillit dans le désert de nos solitudes agglutinées, quand un enfant lance une mélodie tellement géniale qu’elle appartient à toute l’humanité.

Une sorte de parabole de Noël : un enfant et une musique pour fédérer toutes les solitudes.  



samedi 2 décembre 2017

Piles intercontinentales


Lors de mon dernier retour d’Afrique, j’ai fait une bonne action au niveau de la planète entière et cela me fait plaisir de la raconter.

La lampe torche qui éclaire les nuits africaines de l’Européen que je suis se nourrit de piles asiatiques. Nous n’avons pas encore trouvé des lampes efficaces avec batterie rechargeable sur notre marché tropical et donc nous voilà contraints de doper l’industrie chinoise ainsi que la pollution intercontinentale et globalisée.

Mais j’étais longtemps mal à l’aise de jeter les piles usagées à la poubelle puis dans le trou du fond du jardin ! J’ai trouvé la parade la plus cynique et la plus naïve qui soit. Je les apporte en Europe.

Mes voyages en Afrique sont déséquilibrés en matière de bagages ; j’arrive en Afrique avec de grosses valises bien pleines et excédentaires et lorsque je reviens en Europe, mon bagage est léger et bien en dessous du poids autorisé. Pourquoi ne pas profiter de l’aubaine ?

Je récolte les piles usagées de notre maison kasaïenne et je les ramène en Europe où je les mets dans les containers ad hoc des supermarchés romands. C’est du rééquilibrage écologique.

Une goutte (d’acide décontaminé) dans l’océan (de la pollution mondiale). Mais pour une fois que l’Afrique n’est pas la grande perdante de cette partie de poker menteur, je vais me réjouir...  

Et si un Européen veut porter en Chine mes piles usées en Afrique, le compte sera bon. On peut réver.

samedi 25 novembre 2017

l'art et la beauté


Nous savons que l’art africain, et particulièrement sa sculpture, a eu une influence majeure sur l’art européen dès le début du 20e siècle : les visages peints par Braque, par le dernier Picasso ou même par Modigliani.

Au cœur de l’Afrique, j’ai rencontré cet art, mais très rarement. Je me souviens de la bonne surprise que j’ai eue, en 2012, lors de notre premier accueil sur la Colline par les villageois. Au milieu des cadeaux de bouteilles d’alcool et de bassines de maïs, est arrivé un sublime masque sorti d’on ne sait où. Les confrères ne l’ont pas trouvé intéressant et m’ont laissé le pendre dans ma chambre sur mon lit, où la divinité tutélaire qui l’habite veille sur mes rêves kasaïens. Malgré quelques tentations, j’ai préféré ne pas le prendre en Europe... Il est chez lui !

Depuis plus rien ! Si ce n’est des marchands ambulants voulant me fourguer des statuettes en bois peint qui semblaient avoir été fabriquées en Chine, ou en tout cas en Série !

Et voilà que l’autre jour, un jeune du village me demande si je suis intéressé par les statues. Je lui dis que oui mais que je suis très difficile et je lui montre quelques exemples dans la maison de ce que je n’aime pas, mais aussi le masque que j’aime. Il voit que mon esthétique vise haut et il part sans grand espoir de faire une bonne affaire financière...

Mais le lendemain il arrive avec une merveille. Une sculpture d’un homme assis sur ses talons (40 cm de haut, 20 de large). Deux petites mains posées sur ses cuisses. Un pagne qui semble fait de peaux de crocodiles minusculement stylisées. Une grande tête haut perchée sur le cou donnant  un air de noblesse. Une coiffe de chef est percée d’un trou mystérieux. Des yeux immenses et ironiques dialoguent avec une bouche de la même forme d’amandes grillées. Un nombril gros comme un enfantement de monde...

Un roi coutumier d’un époque révolue ? Un dieu oublié ? ... Il est dans ma chambre sous mon masque. J’avais encore la tentation de l’amener en Europe mais je pense qu’il va finalement rester au pays...

Si quelqu’un peut m’aider à faire davantage connaissance avec mon nouvel hôte, c’est bien volontiers que j’accepte tout indice.

Mais terminons en beauté avec Aimé Césaire :
AUCUNE RACE N’A LE MONOPOLE DE LA BEAUTE, DE L’INTELLIGENCE, DE LA FORCE !


mercredi 22 novembre 2017

les insectes et les masques africains





Les insectes ont plutôt une mauvaise réputation esthétique, quand ils ne ressemblent pas à un papillon ou à une coccinelle mais pour qui sait les regarder avec un regard distancié et artistique, ils prennent une certaine allure.

Sur ma colline congolaise il suffit que je pense à l’art africain des masques de bois colorés et stylisés pour que les insectes qui se posent sur mes murs se mettent à imiter des masques...


En fait on se demande qui imite qui.




samedi 18 novembre 2017

le silence

Je plonge régulièrement dans La force du silence (contre la dictature du bruit), merveilleux livre de méditation du cardinal Robert Sarah (Fayard, 2016). Il y a un souffle salvateur dans ce livre, même s’il demande pour être bien « écouté » une dose de silence et de paix que notre dictature du bruit offre avec parcimoine, même dans la brousse congolaise !

J’y pensais ces jours lorsque, sur la stèle d’entrée de la zone de prière de notre sanctuaire, j’étais en train de peindre une invitation à respecter le SILENCE et la PRIERE de notre belle colline.

La stèle vide et neuve est posée depuis quelques semaines, sur un talus de la route. La brousse était en train d’en envahir les abords quand j’ai demandé à un jeune de me les dégager, mais il n’a pas été assez large.

Par crainte des serpents, j’ai envoyé un autre gars pour bien débroussailler sur un rayon d’au moins 5 mètres autour de mon poste de travail de peintre... Et là encore je n’étais pas totalement serein et je regardais d’un œil mon pinceau et de l’autre la brousse proche. Ma méditation sur le silence en était un peu perturbée.

D’autant plus que les gens qui passaient sur la route venaient me faire la conversation et me demander si c’était vrai ce que j’avais fait les beaux-arts... Le dialogue ayant, avec un jeune, dévié sur les serpents des chaumes proches, il me dit :
- Non, rien à craindre, quand ils voient ce que vous faites, ils vont rebrousser chemin.
- Ah bon ! comment peux-tu en être si sûr ?
- Parce que les serpents s’éloignent de ceux qui prient !


Me voilà rassuré, je regarde mon pinceau et je pense davantage à la force du silence et de la prière.