En novembre, je rentrais en Suisse. A
l’aéroport de Kananga (RDC), on m’installe au salon VIP pour m’éviter
charitablement la cohue du check-in. Des fauteuils cossus et inconfortables occupent
tout l’espace.
Dans un coin un écran plat diffuse la chaine
télévisuelle nationale que presque personne ne regarde, car on y voit le
président de la République ne pas dire ce que tout le monde attend, puis de la
publicité pour des laits de beauté, puis de la promotion pour l’Education avec
des salles de classe montées en studio car il n’y en a pas d’aussi belles sur
tout le territoire national.
Bref de la propagande gouvernementale que
personne n’écoute : ni l’économiste avec attaché-case qui téléphone à mes
côtés, ni la famille qui babille au coin
autour de la grand-mère en partance, ni le pasteur évangélique qui caresse sa
croix pectorale sur sa chemise violette épiscopalienne, ni la sœur missionnaire
qui vient accompagner un prêtre ami qui retourne à la capitale.
Et puis tout à coup, un silence et une
musique. Le grand air de la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak a mis tout le
monde bouche bée devant l’écran. Une chorale du cru chante le refrain et un
petit garçon débite admirablement la mélodie sur fond de Congo
enchanteur !
On est au delà-de la propagande. Une source
jaillit dans le désert de nos solitudes agglutinées, quand un enfant lance une
mélodie tellement géniale qu’elle appartient à toute l’humanité.
Une sorte de parabole de Noël : un enfant
et une musique pour fédérer toutes les solitudes.
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