Ce matin je travaille à la « maison des
Pères » mais j’entends les enfants de la maternelle réciter et chanter à
tue-tête, là-bas sous le porche de l’église. La rentrée a eu lieu il y a trois
semaine et notre école maternelle privée est belle et bien active, quoiqu’encore
privée de locaux. Elle a des tables et des tabourets que nous sortons sous le
vaste avant-toit de notre église.
C’est une sœur postulante du monastère
bénédictin voisin qui donne le cours assisté d’un papa du village qui rassemble
et amène les enfants (ils sont une cinquantaine actuellement de deux
niveaux !) et d’une consoeur
aspirante qui prend le relais lorsque la voix faiblit, car la pédagogie de la
maternelle congolaise exige de la voix.
Les buts principaux sont la socialisation et
l’apprentissage de rudiments de français, alors qu’à la maison on ne parle que
le tshiluba, leur langue maternelle. C’est ainsi qu’on récite et qu’on chante
des phrases répétées mille fois avec des gestes et des danses, ce qui plaît
beaucoup aux enfants. La pédagogie y est
rudimentaire mais relativement efficace, si la maîtresse prononce juste et ne
dit pas de bêtises car les tout petits répètent à qui mieux mieux et cela
s’inscruste profondément !
Petit florilège de phrases que j’entends
répétées et chantées à l’infini :
«
Le matin je dis : Bonjour, papa ! Bonjour, maman, bénissez-moi.
Donnez- moi du thé. Merci papa, merci maman ! Au revoir, maman, à
bientôt ! »
«
A l’école, à l’école, nous apprenons comment être de bons citoyens ! Tous
les garçons et les filles, comment être de bons citoyens ! »
- le
pouce, l’index, (et cela dérape :), la millaire (!), le majeur et le petit doigt !
« Qui
a mis de l’eau dans les patates douces ! Qui a mis de l’eau dans les
patates douces ! Qui a mis de l’eau dans les patates... »
... et ainsi de suite cent quarante deux
fois !