L’abbaye bénédictine du Bec-Helluin en
Normandie est magnifique malgré l’absence remarquée et remarquable de son
église abbatiale, détruite par quelques aléas des temps, par la Révolution et
par Napoléon. On admire sa gigantesque absence entre des bâtiments conventuels majestueux
(pour la plupart du 18e siècle) et une tour médiévale immense, plantée
au milieu des jardins.
Où se trouve donc l’église actuelle des
moines ? Il faut la chercher un peu en contournant les bâtiments. C’est en
fait l’ancien réfectoire, mais cela paraît plutôt un très long et impressionnant
couloir avec arcades en plein cintre, très sobres dans une belle pierre beige
clair et chaude.
La longueur du couloir, avec tout au fond un
crucifix simple qui déverse sa présence lumineuse sur les stalles des moines
puis les bancs de fidèles m’a fait penser à un fleuve qui court dans les flots
de l’histoire ; l’histoire du christianisme européen (l’Abbaye du Bec a
donné des saints et de grands évêques d’Angleterre, Anselme et Augustin) ;
et aussi nos histoires personnelles, eaux bouillonnantes ou eaux croupissantes
suivant les jours...
Oui dans l’église du Bec-Helluin, on se sent
comme dans un Jourdain, dans un fleuve sacré !
Et pour la première fois j’ai fait le lien
étymologique entre couler et couloir ! Autant que ce soit dans une belle
église où coulent les flots de grâce qui viennent contrarier les médiocrités
ordinaires. Désormais pour moi le mot couloir aura une certaine noblesse.
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