samedi 24 septembre 2022

la prière

C’est le soir d’été. Une pénombre doucement colorée par le bleu qui tombe du vitrail central envahit la petite église. C’est l’heure de l’office des vigiles. Là-bas dans leur chapelle, à angle droit de l’église, la voix des moniales monte : 

Il est bon d’écouter sans défaillance, Seigneur, ta Parole. Mais l’abîme du silence, comme un flot, m’environne. Creuse encor ce grand vide, où montera parfois, frêle et timide, le murmure inlassable de ta voix...
Le silence est bien là, au cœur même des mots de l’hymne, dans ces murs séculaires patinés de travail et de prières, comme enduits de la présence divine... 

Puis ce sont les psaumes qui vibrent dans l’air vespéral et se propagent vers le monde entier. La soliste, d’une voix claire comme une flute de roseau, lance le verset et ses consœurs l’achèvent. Le dialogue se prolonge lancinant et les mots grattent le fond de notre cœur pour y faire germer une blessure, une prière enfin purifiée qui peut monter vers le Tout... 

C’est le plus beau concert auquel il me fut donné de participer. Justement parce que ce n’est pas un concert, mais, simplement, juste le chant du monde qui, pour être vrai, sait bien qu’il lui faut se laisser faire par plus Grand que lui. 

Je suis au Carmel du Reposoir dans les montagnes de Haute Savoie. Mais je sens que je suis partout. La prière de quelques carmélites me fait rencontrer l’humanité entière, et l’univers fait alliance avec son Dieu. 




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