Cette année est cruciale, car mon âge arbore un gros zéro et me fait basculer d’un groupe de « -génaires » à un autre. Un palier plus haut...ou plus bas. Tout est question de regard.
C’est ainsi que dans un moment de rêverie, je regarde mes mains. Elle m’ont accompagné durant toutes ces années. Comme moi, elles ont pris des coups de vieux et pleins d’autres. Elles ont pas mal bossé, elles ont aussi rêvassé ou fainéanté, elles ont palpé et testé, elles ont vécu, elles vivent.
Aujourd’hui, j’aperçois quelques nouveaux points sombres – disons bronzés pour faire plus optimiste ! – à leur surface. Je ne les avais jamais vu ceux-là et il faudra bien m’habituer à les voir se multiplier. Puis je me dis que je pourrais en faire une cartographie et, mois après mois, repérer ces îles sur les vaguelettes des ridules.
Puis j’ai une meilleure idée. J’ai toujours aimé regarder le ciel serein, sans nuage ni pollution lumineuse. En Afrique je suis souvent gâté. Les étoiles s’organisent en magnifiques constellations dont les plus belles sont devenues mes compagnes de route : Orion, le Scorpion, le Lion, Cassiopée. De nuit je les contemple, de jour je les sais quelque part dans l’espace immensément obscur et lumineux.
Alors il y aura aussi des constellations sur mes mains. D’année en année, je décripterai les mystérieux dessins que ces étoiles de chair suggèrent sur ma peau. Chemin faisant, nous devenons tous un espace immensément obscur et lumineux.
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