Je m’ennuyais un peu à cette messe dominicale de ma paroisse congolaise, ce jour-là trop longue à mon goût. Trop de chants, trop de danses, trop de paroles bavardes, trop de trop. Mon esprit s’échappa et se laissa distraire... par la nappe de l’autel devant moi.
Cet autel est très large et la dentelle qui borde la nappe court sur cette largeur avec une élégance assez sophistiquée ; elle est belle et bien ouvragée mais voilà qu’à un certain moment de la jolie frise, elle est déchirée et quelques volutes de tissu ont disparu. Des souris ou des insectes ont dû faire une petite fiesta dans notre sacristie excessivement tropicale, et bien sûr personne parmi les paroissiens et les paroissiennes de la savane n’est capable de réparer ce joyau qui fut amoureusement agencé par une patiente dentellière d’au-delà des mers...
Et puis finalement, heureusement que tout n’est pas bien parfait et bien aligné dans notre liturgie. Heureusement qu’il y a des espaces d’amélioration possible, heureusement qu’il y quelques déchirures et quelques ratés sur dans les différents tissus de nos humanités.
Sans doute nos marges de progression, alliées avec une bonne dose d’humilité, sont le piment de nos existences et le sel de nos relations. J’ai décidé de ne rien faire pour réparer la dentelle abimée car elle me permet de méditer même quand le tohu-bohu liturgique de la messe africaine me tape sur les nerfs comme un tam-tam endiablé.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire