Le monsieur s’est mis au centre du rond dessiné sur le sol de l’église par un beau marbre brun. Il a respiré profondément. Il a mis ses avant-bras en avant, il a joint trois doigts de chaque main et les a dirigés vers le haut. Il a fermé les yeux et bougé ses lèvres dans une prière très secrète. Sans doute croit-il aux ondes spirituelles qui montent du sol depuis si longtemps ou descendent de la grande mosaïque octogonale du plafond : trois par côté, les 24 Anciens de l’Apocalypse jettent leur couronne vers le Christ et son trône.
Je suis assis sur une chaise pas très loin de lui ; je prie à ma manière à moi, tout en regardant ce qui se passe autour de ce pèlerin new age qui prie à sa manière à lui... Il ne me paraît pas le plus dangereux de ce petit monde. D’autres semblent n’avoir même pas compris qu’ils se trouvaient dans un des lieux les plus « magiques » de l’Occident, parlent de tout et de rien, et tout haut, ne s’arrêtent que pour régler le mode photo de leur téléphone portable.
Je suis dans la chapelle palatine de la cathédrale d’Aix-la-Chapelle. Depuis 1200 ans, depuis que Charlemagne, couronné par le pape à Rome, a bâti cette merveille octogonale toute de marbre et d’orientales mosaïques, elle a dû en recevoir des visiteurs ! Ceux de ce siècle sont-ils pires que ceux qui dans leur crasse d’autres siècles venaient y faire une pause en allant vers Compostelle ou vers leurs affaires ? Charlemagne me le dira lorsque nous nous rencontrerons devant le Christ en Gloire.
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