Ne nous fourvoyons pas. En ces temps de canons et de fureur, il est plus que jamais essentiel d’écouter, de lire et de contempler les grandes œuvres russes : Gogol, Tchaïkovski et Roublev sont nos frères. Malgré les horreurs d’aujourd’hui et au-delà des étroitesses calculées et calamiteuses de certains, l’humanité serait moins humaine sans ce que la Russie de toujours lui a apporté.
Parmi les grandes figures que la Russie a offertes au monde, il en est une qui, l’air de rien, éclaire d’une grâce candide les relations humaines : il s’agit du Prince Muichkine, le héros de L’Idiot, le roman de Dostoïevski.
Il s’agit d’un jeune prince, désargenté, simple et décalé, qui rentre du Valais (eh oui !) où il est allé quelques années soigner une épilepsie et une santé délabrée. Il revient à Saint-Pétersbourg. Sa façon simple, humble, d’aborder la vie décontenance ceux qui veulent tenir leur rang, fait bouger l’air de rien les structures sociales sclérosées, fissure les certitudes factices et fait jaillir le vrai en chacun.
On peut le traiter d’idiot, il oblige, par sa douceur, chacun à regarder lucidement ses failles. La douceur, sur ce registre, est une force, parce qu’elle surgit non pas d’existences niaises mais des épreuves et des aléas difficiles du dur métier d’être. Elle n’est pas une faiblesse, mais une conquête à la fois spirituelle et existentielle, et ainsi elle est capable de changer la vie.
Nos temps sont durs, mais les doux vaincront. 2023, dans le monde, dans nos vies personnelles et collectives, en aura bien besoin.
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