samedi 30 mai 2020

là où l'Esprit nous mène...

Peut-être avez-vous eu vent de mes dernières et palpitantes aventures !

J’ai été rapatrié du Congo en Suisse il y a quelques jours suite à des problèmes de santé qui ne pouvaient être valablement gérés là bas. Je suis actuellement à l’hôpital de Rennaz où je suis soigné pour plusieurs infections sans lien nécessairement entre elles.
Disons tout de go: le moral est au beau fixe mais le reste est en pagaille.

En résumé:
Alors que tout allait bien sur la colline et que je menais des projets intéressants avec la communauté, le noviciat, les jeunes paroissiens et les soeurs proches, j’ai été parasité à un orteil par une chique (punaise sous-cutanée) qu’on m’a enlevée au dispensaire de la mission. Cela s’est dans un premier temps bien cicatrisé, mais après quelques jours une infection proche m’a progressivement empêché de marcher. Je suis allé dans un dispensaire en ville où on a essayé d’enrayer l’infection sans succès. Elle s’est propagée à l’ensemble du pied puis au bas de la jambe. Puis est arrivé un clash à l’oeil gauche qui a perdu sa vision… Comme on arrivait pas à maîtriser l’infection on m’a admis à l’hôpital catholique Saint Georges de Kananga, puis à un hôpital de Kinshasa où je suis resté 4 jours dans de bonnes conditions avant le rapatriement par la REGA…

A l’hôpital de Rennaz on m’a mis en semi isolement puisque je venais des tropiques et les investigations m’ont trouvé deux autres pathologies : une vessie et une prostate qui se sont mises à dysfonctionner et aussi une infection suspecte à un poumon.
Cela fait quatre infections qui n’auraient pas nécessairement de lien entre elles. Pour le moment on cherche à la fois de bons diagnostics et de bons traitements.

J’ai passé deux jours à l’hôpital ophtalmique de Lausanne pour l’oeil. J’ai perdu 90% de la vue de cet oeil mais il semble que ce soit réversible et cela va déjà un peu mieux depuis mon traitement de Kinshasa…

Voilà. On continue les recherches notamment pour envisager des traitements. 
C’est un peu pénible parce que cela fait un mois que je suis piqué de toutes parts avec des veines qui échappent et se cachent et divers traitements par perfusion qui me fatiguent…

Le contact avec les centres de soins de toutes sortes et de toutes qualités est aussi une expérience riche qui rend humble. Un émerveillement devant le travail des soignants tant au Kasaï, qu’à Kinshasa qu’en Suisse ou dans l’avion en plein confinement du coronavirus au Congo (assez épargné) qu’en Europe! Une belle expérience humaine. 

Voilà. Pour le moment pour les visites c’est un peu complexe. Restons en contact par mail ou Facebook et je vous tiens au courant au fur et mesure. Mais comme vous le sentez, je vais super bien dans ma tête, dans mon coeur et dans mon âme et c’est cela qui compte !

Je vous suis uni et je prie pour vous tous l’Esprit de Pentecôte puisque j’ai du temps !

Avec ma fraternelle amitié !

ET UNE BELLE HISTOIRE D'AVOCATS DU KASAÏ

Deux voleurs ont eu une aubaine : une pleine brassée d’avocats bien mûrs et appétissants. Pour les manger ils cherchent un coin tranquille. Quoi de plus tranquille que le cimetière du quartier ! Ils passent le mur d’enceinte et, le franchissant, laissent tomber deux avocats du mauvais côté du pique-nique. 
Arrivé à destination, ils se partagent le butin : Un pour toi, un pour moi, un pour toi, un pour moi, un pour toi, un pour moi...
Passant de l’autre côté du mur, un quidam entend : Un pour toi, un pour moi, un pour toi, un pour moi...
Effrayé, il court avertir le curé : Monsieur le Curé, venez vite, au cimetière, il y a le bon Dieu et le Diable qui se partagent les morts. Un pour toi, un pour moi, un pour toi, un pour moi... Le curé intrigué suit son paroissien. Ils arrivent ensemble au mur et écoutent attentivement : Un pour toi, un pour moi, un pour toi, un pour moi...
Puis tout à coup un petit silence, et : « Et avec les deux qui sont de l’autre côté, on fait quoi ? »
Le curé et son compère de s’enfuir à toutes jambes. 



vendredi 8 mai 2020

ma tortue Corona


En cette fin de saison des pluies, la Lulua, notre grosse rivière, étend ses bras d’eaux au bas de la colline, débordant largement sur les champs à l’entour. Les hippopotames voient leurs aires de jeux agrandies et brament orgueilleusement. Dans quelques jours (à la mi-mai), commencera la saison sèche et le fleuve se rétractera dans son lit habituel. On pourra pêcher facilement dans les étangs cotoyant le lit où les poissons sont restés prisonniers...
Les villageois dès maintenant s’approchent plus nombreux de l’eau pour repérer les lieux de cocagne...
Un jeune paroissien vient me vendre une tortue qu’il a prise vers le fleuve. Je l’appelle Corona. Une évidence : en ces jours de Pâques la première lecture de l’office nous plonge dans l’Apocalypse de Jean et je médite sur la couronne du chapitre 3, verset 11 : « Je viens sans tarder : tiens fermement ce que tu as, pour que personne ne prenne ta couronne. »

Ce que l’on a, il faut le tenir fermement même en situation difficile. J’ai mis à ma tortue Corona un petit fil très long (3 mètres) pour lui donner, sur le gazon et les platebandes de la cour intérieure de notre mission, une vaste surface de jeu et de chasse. Mais Corona ne l’entend pas de cette oreille. Une fois posée sur la pelouse elle part le plus loin possible et bloque désespérément en tirant sur la ficelle. C’est toujours mieux ailleurs ; c’est toujours mieux plus loin. Ensuite elle se résigne à son domicile, mais la voilà qu’elle entortille son fil autour des plantes qu’elle contourne et rétrécit d’autant son champ d’action. Que c’est dur le confinement d’une tortue ! Si seulement elle savait tenir fermement ce qu’elle a. Maintenant !

PS: Et voilà qu'elle a décidé s'enterrer! Depuis trois jours que je l'ai, je ne l'ai pas vue. Je la repère grâce au traçage du fil qu'elle a à sa patte. Elle s'est faite un trou et se planque sous

le gazon. Que faire? On me dit que c'est une tortue d'eau et que la saison sèche va lui être fatale. Donc il faut que je me décide pour un déconfinement. Et je vais  donc la relâcher près de la Lulua. Mais je vais le faire aussi rapidement que possible et aussi lentement (c'est une tortue) que nécessaire!
Solution de l'énigme : la carapace de cette tortue est si lisse que le ciel s'y reflète. D'où la couleur bleutée un peu  saturée par l'ordinateur pour troubler les participants au concours !



mardi 5 mai 2020