Petite flânerie dans la vieille ville de Chambéry à la recherche de quelques traces de Jean-Jacques... Passant par de petites venelles aussi sombres que médiévale (les traboules), je déniche un hôtel particulier qui arbore au-dessus de la porte principale une belle inscription : « Dans cette maison du comte de Saint-Laurent, Mme de Warens hébergea Jean-Jacques Rousseau de 1732 à 1740 »...
Mais mon regard est aussitôt détourné vers un papier officiel placardé sur la porte ; c’est la régie immobilière qui annonce avec moins de morgue ancien régime : « Mme X copropriétaire nous signale retrouver régulièrement des pneus stockés dans sa cave et ce même après avoir verrrouillé celle-ci. Nous vous confirmons que la cave de Mme X est bien la cave C8 figurant sur le plan ci-dessous. Merci d’en prendre note et pour votre compréhension. »
Je tombe de haut. On est loin des soupirs transis du philosophe en herbe respirant les effluves de la belle de Warens... Et pourtant je me dis que tous les siècles ont leurs grands sujets et leurs petites affaires et que, même au temps des Lumières, dans les ruelles obscures on devait s’écharper à propos de fers à cheval ou de moyeux de charrettes. Et finalement c’est grâce à des penseurs comme Rousseau que quelques siècles plus tard, on règle les différends non pas dans le feu et le sang, mais en punaisant quelques phrases sur une porte. C’est le contrat social.
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