A ceux qui pensent que décidément tout va mal dans le monde, on ne peut que conseiller de faire halte à la fondation Gianadda de Martigny et de se laisser prendre par l’admirable dialogue entre Anker et Hodler.
Nos deux peintres regardent le monde de deux façons originales et différentes. Hodler veut montrer que la nature et la lumière se suffisent à elles-mêmes et font de la beauté sans l’intervention de l’homme (magnifiques vues du Léman !). Anker au contraire se met au ras d’une humanité humble et simple et par petites touches précises, mais jamais académiques, laisse voir comment l’homme transcende le milieu où il se trouve et acquiert une noblesse, même pieds nus dans la boue des prés...
Les deux peintres nous enseignent à voir, mieux : à contempler le monde tel qu’il est, pour y accueillir une beauté toujours présente malgré les difficultés de la vie et les souffrances des temps.
Sur une belle surface murale blanche, l’exposition a accroché, d’Anker, un retour de vendanges et une promenade d’école. Au-dessus, une citation de l’auteur nous exhorte : « Regardez, le monde n’est pas damné ! ». Ce qu’il faut regarder, ce n’est pas d’abord sa peinture, mais le monde autour de nous.
On pourrait croire que depuis Anker, notre monde s’est passablement détérioré. Sans doute. Mais laissons nous surprendre par cette phrase de Chesterton que le grand photographe actuel, Vincent Munier, aime citer : “Le monde ne mourra jamais par manque de merveilles mais uniquement par manque d’émerveillement.”