L’abbaye bénédictine de Fischingen déploie ses atours baroques dans une étroite vallée aux confins des cantons de Thurgovie, Saint-Gall et Zurich. Son sanctuaire, dédié à une sainte locale, Idda de Toggenburg, est composé de deux églises siamoises : une seule entrée mais, à angle droit, deux nefs et deux chœurs, d’un beau baroque typique de Suisse alémanique.
Je fais en marchant et en priant ma petite visite, lorsqu’un aménagement audacieux attire mon attention. C’est une particularité des églises baroques d’avoir une horloge dans les lieux de célébration. Les âmes positives penseront à se rappeler l’urgence de bien utiliser à son salut les heures que Dieu donne ; les esprits chagrins pourront de leur côté comparer la longueur des sermons du prêtre de ce dimanche avec la prestation de dimanche passé ! C’est pourquoi souvent ces horloges sont proches de la chaire ou insérés en elle.
Ici l’architecte a eu l’audace de mettre l’horloge sous la voûte en surplomb de l’autel de l’eucharistie. Il est probable et même certain qu’à l’époque l’autel n’était pas à ce endroit ; on devait célébrer l’eucharistie sur le grand autel quasi rococo qui occupe le fond du chœur. Mais quelle bonne idée d’avoir placé le nouvel autel juste dessous l’horloge qui le domine actuellement ! L’eucharistie et toutes nos prières sont surplombées par l’éternel présent de Dieu, elles s’inscrivent dans le déroulement des heures pour nous ouvrir mystérieusement à une éternité qui nous dépasse.
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