De retour vers l’Europe, je fais escale à Kinshasa. Je vais à la messe du premier dimanche de Carême. Sur la route je m’égaie avec les enseignes des boutiques congolaises qui cherchent toujours à flirter un peu avec la religion : Pharmacie LA CONFIANCE (il vaut mieux) ; Vêtements DIEU SUFFIT (mais une chemise n’est pas de trop, me dis-je)... Et voilà que je tombe sur : STRATEGIE MARANATHA RECENTRAGE.
« Stratégie » je comprends. L’Apocalypse nous dit que « Maranatha » signifie « Viens Seigneur Jésus ». « Recentrage » me laisse perplexe : quel service offre cette boutique ? Mystère. Je n’ai pas d’indices pour me guider...
Par contre à la paroisse Saint-Alphonse, tout est clair. L’église et l’assemblée de la première messe de 6h30 sont immenses. Le curé et la liturgie recentrent dès le début sur l’essentiel. La grande croix centrale est encensée lentement, tout un cortège d’acolytes de tous âges et des deux sexes entoure le curé et s’incline devant le Christ.
Je pense qu’il n’y a pas d’autre recentrage possible pour un croyant. C’est Jésus qui peut nous sortir de nos sidérations ecclésiales, des vertiges de notre foi et de notre espérance. Et pas n’importe quel Christ, celui qui est cloué sur bois de nos humanités meurtrissantes. Le Christ de l’église Saint-Alphonse est très beau, très africain, très universel, entouré d’une décoration murale de triangles qui pointent vers lui.
Alors quelle stratégie pour l’Eglise catholique en ces temps difficiles ? STRATEGIE MARANATHA RECENTRAGE. Recentrage pas ailleurs que sur le Christ.