La SNCF est
sous les feux de l’opinion publique à cause de la grève à répétition de ses
employés qui protestent certainement avec de bonnes raisons sur les
détériorations de leur outil et de leurs conditions de travail.
Je ne peux
ainsi m’empêcher de mettre en parallèle la SNCF et la SNCC (Société nationale
des chemins de fers du Congo). Cette dernière est un héritage héroïque de
l’histoire de colonisation (Que de morts indigènes le long des voies des
premières lignes aménagées par la pure barbarie des colons !) et de la
décolonisation : l’entretien ayant été abandonné, les grandes lignes
pourtant essentielles à la cohésion économique du pays végètent et s’enfoncent
dans la végétation !
Kananga, la
grande ville proche de ma Colline, est située sur l’artère ferroviaire qui -
après les fleuves navigables - relie Kinshasa à l’ouest à Lubumbashi à l’extrême
sud-est. Dernièrement les cheminots de Kananga ont fait grève, parce qu’ils
n’avaient plus reçu leur salaire depuis 120 mois (10 ans !) Cela paraît à
peine croyable. Mais le gouvernement a abandonné le réseau ou plutôt en pille les
dernières ressources sans améliorer les structures ni payer les employés.
Pourquoi ceux-ci restent-ils ? Sans doute ne travaillent-ils pas beaucoup, mais demeurent accrochés à un avenir meilleur... et comme en Afrique on a le temps !
Toujours
est-il que pour marquer ce triste jubilé, les travailleurs se sont mis en grève
et les autorités, n’ayant pas d’argent ou ne voulant pas le sortir, ont permis
aux employés de lotir la très vaste concession de la gare, de s’approprier des
lots et d’y construire des maisons... Cela a mis fin à la grève.
Autre drame
ferroviaire : dernièrement un des derniers trains qui circulent au Kasaï a
déraillé. Il semble qu’il manquait de carburant et que dans une montée, le
train a fait marche arrière à toute allure et s’est renversé. Il était bien sûr
bondé. Il y a eu des morts. Mais
impossible de savoir combien : deux informations sur internet font état
d’un mort ou de trois morts. Mais il semble qu’ils étaient beaucoup plus
nombreux d’après l’augmentation des deuils en ville. On a parlé de 500 morts.
C’est sans doute exagéré, mais « internet » a certainement exagéré
dans l’autre sens ! Un tel déni de réalité serait impossible en Europe.