Il ne fait pas très chaud ces temps au Kasaï. Même si entre mai et août c’est la saison sèche, la température est plutôt fraîche : tout en étant sous les tropiques, nous sommes dans l’hémisphère austral.
Là où la température est montée très haut – psychologiquement s’entend - c’est autour des écoles qui accueillaient la semaine dernière les examens d’Etat, le bac congolais. Le niveau de corruption est tellement grand que les examens ont plus lieu hors des salles, devant les lycées qu’à l’intérieur.
Lorsque la session est officiellement ouverte, les questions sont distribuées aux élèves selon un système administratif très centralisé et apparemment cadré. Mais aussitôt, par un subterfuge lié à des dessous de table, les questions sont traitées dans la cour de récréation par les professeurs des différentes écoles qui diffusent les réponses à leurs élèves, normalement par téléphone !
C’est ce qu’on appelle les « laboratoires ». C’est simplement de la tricherie grossièrement organisée et établie sur une longue tradition. Tous les élèves et la plupart des professeurs ne connaissent que cette manière de faire.... La présence de policiers s’y change rien ; on peut aussi leur mettre des billets dans la poche.
Les évêques eux-mêmes tirent la sonnette d’alarme dans leur dernier message sur l’état du pays :
L’institutionnalisation de la corruption dans les milieux éducatifs, surtout dans l’organisation des examens d’Etat, compromet gravement l’avenir de notre jeunesse. (CENCO, 21 juin 19)
C’est bien de mettre le doigt sur cette plaie parmi toutes les autres. Mais rien ne montre que les écoles catholiques ont un comportement plus moral que les autres. Si le message des évêques doit avoir un impact, il faut aussi que les évêques balaient devant la porte de leurs écoles !