Retour au Congo après mon séjour de 4 mois en Suisse. Je suis en transit à Kinshasa... et à Jéricho. En effet, à la messe de la cathédrale de la capitale congolaise, l’évangile de Saint Marc nous emmène aux portes de Jéricho où un pauvre aveugle mendiant Bartimée a la chance de sa vie : il rencontre le Sauveur du monde et de ses yeux !
Plus tard dans l’après-midi nous allons en bordure de la ville découvrir un superbe point de vue sur le fleuve Congo et Brazzaville, la capitale de l’autre rive.
L’endroit, assez bucolique, est une suite de bars improvisés sur des pelouses ombragées au bord d’un des fleuves les plus puissants du monde. Nous choisissons une terrasse à côté d’une autre qui s’appelle... Jéricho.
Aux portes de cette deuxième Jéricho de la journée, nous partageons une bière assez fraîche avec une nuée de sympathiques petites mouches lorsque des Bartimées d’aujourd’hui veulent attirer notre attention : l’un d’entre eux veut me vendre des grillons grillés en brochettes, un autre des fourmis en vinaigrette, un troisième fait un spectacle de contorsionniste juché sur un entassement improbable et vertigineux de grosses boites de conserves.
J’ai renvoyé les vendeurs d’insectes à leur démarche mercantile et donné quelques petits billets à l’enfant qui présentait le chapeau du contorsionniste... Je sais bien que chaque chrétien est par nature collaborateur du Sauveur du monde, mais que faire quand la misère du monde tourne comme les mouches au-dessus du fleuve Congo ?