Un jeune Pape (The young Pope) ? Non par pitié !
J’ai passé quelques loisirs,
pendant les fêtes, à regarder la série « The young Pope », espérant,
je m’en confesse, un bon mélange de soufre et d’encens. De ces longues heures je
suis sorti complètement atterré. Cette série est calamiteuse.
Bien sûr il y a quelques qualités.
Les images sont très belles : de magnifiques vues de Rome, des bâtiments
et des jardins du Vatican (passablement revisités), et de Saint Marc de Venise.
Quelques scènes dans la chapelle Sixtine sont éblouissantes. Le travail de
montage est bien fait et certains personnages sont assez sympathiques ou,
lorsqu’ils sont antipathiques, ils sont particulièrement bien campés.
Mais la litanie des péchés
capitaux de cette série est sans fin. Le scénario est incohérent et plat,
malgré de grand thèmes (pédophilie, goût de l’argent et du pouvoir, homophobie
et même mystique). Le rythme est lent et fatigant, le suspens s’égare dans des
couloirs baroques. Aucune grâce ne jaillit d’une vraie intériorité. Le calcul
remplace la charité. Les poncifs sur les
richesses du Vatican, sur les lobies gay sont traités de façon tellement bête
qu’on en demeure sans voix. La crise pédophile est caricaturée de façon si simpliste
que tout est recuit d’avance. On sent que les acteurs (à part quelques
cardinaux assez vrais jusque dans leur défaut) s’échignent eux-même à ne pas
s’ennuyer sur fond de tableaux du Rubens...
Plus grave : le personnage
du pape. Très beau comme toujours, Jude Law, réussit à incarner un pape
parfaitement antipathique, incapable de vraies émotions sauf celles qui le
relient à son enfance : il a vécu en orphelinat après avoir été abandonné
par ses parents hippies et cela le hante terriblement. Même lorsqu’il se
rapproche d’un jeune couple stérile qu’il « aide » par sa prière à
avoir un enfant, on le sent froid et distant, incapable de montrer une
fragilité qui le sauverait...
Il faut être masochiste pour
aimer cette série. Les cathos souffriront de voir leur univers si bêtement
caricaturé et les anticatholiques se plaindront d’être pris pour imbéciles à
qui on montre un pape qui fume ou qui porte la tiare avec des lunettes de
soleil (et oui !)... N’est pas Fellini qui veut !
Qu’est allé faire Jude Law dans cette galère vaticane qui prend l’eau du
Tibre ? Lui que nous avons aimé dans Stalingrad
et Retour
à Cold Mountain (sur la guerre de Sécession) n’a pas peur de se
mouiller de sueur et de se tacher de sang. En Pie XIII, il a tellement de peine
à rejoindre la vraie humanité qu’on souffre pour lui...
Une deuxième saison de la boue glaciale de Stalingrad
pourrait même être moins pénible qu’une deuxième saison vaticane d’un pape à
oublier très rapidement.