jeudi 31 décembre 2020

la dernière énigme de 2020 et première de 2021 !

Qu'est-ce que c'est et à quoi cela sert ?

Ce n'est pas sans lien avec le passage de la nouvelle année !

BONNE ANNEE !



mardi 29 décembre 2020

la libération des prisonniers


Parmi des nouvelles congolaises en ligne au 3 novembre je lis ce résumé palpitant : Evasion de 25 des 57 détenus de la prison de Kongolo. Ils ont réussi à neutraliser le policier commis à la garde de la prison, a indiqué le parquet de Kongolo. L’évasion a eu lieu sous une pluie qui s’est abattue dans la localité en l’absence du directeur de la prison. Le policier de garde a ouvert la porte des cellules pour permettre aux détenus de s’abriter et manger. Mais il a été pris en otage et les prisonniers se sont précipités à la porte pour le frapper.

Je reste confondu de questions. Pourquoi n’y a-t-il qu’un seul policier dans cette prison et non pas plusieurs « gardiens » ? Comment la pluie complice a-t-elle su que le directeur n’était pas là pour décider de s’abattre ? Comment les prisonniers ont-ils pu prendre en otage un gentil policier qui leur ouvre la porte des cellules ? Comment est le plafond des cellules s’il faut sortir pour s’abriter et manger ? Pour s’abriter et manger faut-il sortir seulement de sa cellule ou aussi de la prison ? Par qui ledit policier a-t-il été pris en otage si c’est seulement après que les prisonniers se sont précipités pour le frapper. Après avoir frappé le policier, les prisonniers ont-ils aussi frappé à la porte ? Pour entrer ou pour sortir ? Les évadés ou les 32 autres ? Pourquoi les 32 autres ne se sont-ils pas évadés aussi ? Sont-ce eux qui ont frappé pour entrer après être allés s’abriter dehors ? 

Les prisons congolaises sont pour moi un mystère très profond. Peut-être pourrait-on trouver quelques pistes dans le mystère de Noël et la pluie de grâce qui s’est abattue sur le monde depuis Bethléem :

Ainsi parle le Seigneur : Au temps favorable, je t’ai exaucé, au jour du salut, je t’ai secouru. Je t’ai façonné, établi, pour que tu sois l’alliance du peuple, pour relever le pays, restituer les héritages dévastés et dire aux prisonniers : « Sortez ! », aux captifs des ténèbres : « Montrez-vous ! » Au long des routes, ils pourront paître ; sur les hauteurs dénudées seront leurs pâturages.

Isaïe 49, 8-9

samedi 26 décembre 2020

les cantiques de Noël de la nature




Est-on vraiment  obligé de penser que la liturgie est le souci des cathos de droite et l’écologie le souci des cathos de gauche ? Je pense que non et qu’une réconciliation des concepts est une urgence de salubrité chrétienne ! En ceci, je m’aligne volontiers sur cette réflexion d’un théologien africain : 

 

« Il n’y a pas de spiritualité chrétienne et sacerdotale sans un minimum  de saine et sainte écologie, au sens de perception et d’aménagement du monde qui nous entoure, en particulier des espaces liturgiques, à la lumière des sentiments de Dieu. En effet, une relation profonde avec le Christ est un sacerdoce qui permet au prêtre non seulement de porter, dans son petit être, tous les gémissements d’amour de toute la création pour Dieu, mais aussi de prendre la distance nécessaire pour sentir l’amour et le souffle de Dieu qui couvrent toute la création, de percevoir sa main à l’œuvre dans chacune de ses créatures. Et il en découle une théologie ainsi que des pratiques de salubrité, d’hygiène et d’esthétique qui aident à dissiper les nuages de la pollution spirituelle que comporte toujours le manque de beauté et d’ordre dans la gestion de notre environnement liturgique immédiat ou lointain. »

 

Apollinaire Cibaka Cikongo, Les tentations du prêtre africain, Editions Ditunga, Mbujimayi,  p. 69-70

(l’Abbé Cibaka est professeur de théologie dans plusieurs séminaires et instituts supérieurs de RDC. Il présente dans son livre une féconde spiritualité du sacerdoce à travers les récits bibliques de tentations)


 

Photos : Cantiques de Noël des garde-bœufs devant le sanctuaire de Notre-Dame du Kasai (RDC) 

  

mercredi 23 décembre 2020

mes voeux

 




Regarder 

avec des yeux 

d’enfants

la beauté 

des jours vrais


Toucher 

avec des doigts 

d’enfants 

la couleur 

des choses vraies


 

 


Crier

avec des mots 

d’enfants 

la simplicité 

des paroles vraies 


(Avec les enfants de notre maternelle 

et les personnages de notre crèche,)

bonnes fêtes et belle année 2021

 

Père Guy Luisier

et toute la Colline 

de Notre Dame du Kasaï (RDC) 

samedi 19 décembre 2020

la quatrième bougie de l'Avent



« Depuis la nuit des temps, Internet constitue pour le monde entier un système d’exploitation rapide d’analyse des données et de l’information... » Moi qui suis né avant Internet, je prends soudain un sérieux coup de vieux et je me sens contemporain de Mathusalem.

En fait je suis en train, de corriger un exercice de dissertation française, fait par mes élèves congolais qui se préparent au baccalauréat. Ils vivent dans une brousse pleine de serpents et d’épines, dorment sur des nattes dans de minuscules cases de chaume, font des heures de trajet sur des pistes défoncées et sablonneuses, mais ils connaissent Internet pratiquement depuis toujours et rêvent d’avoir un petit téléphone comme leurs cousins de la ville qui se connectent sur les réseaux sociaux. Je soupçonne d’ailleurs l’auteur de la phrase en exergue d’avoir emprunté le téléphone d’un autre enseignant pour dénicher sur Internet la définition d’Internet !

« Depuis la nuit des temps », c’est ainsi qu’on leur a appris à commencer une composition. Et les plus intelligents placent la formule, sans fautes d’orthographe, à toutes les sauces et pour tous les sujets, et donc aussi pour cette vieille lune d’Internet née dans un siècle où ils n’ont pas vécu. 

Je pense tout à coup que la nuit des temps devient de plus en plus longue, année après année, mais peut-être une lumière, une toute petite flamme, toute autre que celle de nos écrans, y luit-elle déjà, discrètement. C’est la fin de l’Avent.  

jeudi 17 décembre 2020

la solution de l'énigme




Il s’agit de la tunique militaire des soldats thébains sur l’icône de Saint Maurice de l’oratoire de notre mission au Congo. Selon l’iconographie orientale (et ici copte), saint Maurice est représenté en grand et ses compagnons martyrs en petit de chaque côté de lui et dans le même habit militaire de leur légion. Cela donne un peu l’impression qu’ils sont des clones de Maurice, mais en fait symboliquement cela montre qu’ils sont associés au même don de la vie que leur chef. 

Cette icône a fait un chemin étonnant. Peinte en Afrique, à Thèbes d’Egypte, aujourd’hui Louxor, lieu d’origine de la légion martyre, elle a été offerte à Mgr Joseph Roduit, notre ancien Abbé, par l’évêque copte de Louxor lors d’un de ses pèlerinage à Saint-Maurice. Lorsque la mission du Congo a débuté, Monseigneur Roduit l’a offerte à la communauté en même temps que des reliques des martyrs, pour la consécration de l’oratoire de la mission. D’Afrique en Europe, d’Europe en Afrique, elle symbolise bien les liens spirituels et sacrés entre les deux continents. Maurice et ses compagnons mais aussi Augustin (né en Afrique, baptisé en Europe et évêque en Afrique) sont les patrons de notre congrégation. 

samedi 12 décembre 2020

la troisième bougie de l'Avent


Il n’y a pas de sapins au Kasaï, mais rien n’empêche de faire des décorations de Noël. Cette année, parmi des projets de crè

ches entre deux bananiers ou autres étoiles en papier chinois, j’ai décidé de rafraîchir les décorations de notre cour intérieure. Il y a la pelouse ; pour la séparer des platebandes de fleurs et des bosquets d’arbustes, nous avons aligné des briques peintes en couleurs alternées. Avec des jeunes de la paroisse, nous peignons et testons des harmonies de couleurs, nous élaguons la végétation qui tend toujours vers une luxuriance tropicale. Devant mes briques rutilantes de vert et violet, un arbrisseau minuscule et chétif tente de faire sa place. Vais-je l’enlever pour harmoniser le tout ou lui laisser sa chance ? J’opte pour la mansuétude. J’ai eu raison car avant-hier, il m’a gratifié d’un magnifique cadeau : une belle fleur blanche, avec des pétales de petites flammes blanches comme celles des bougies. On a toujours raison de faire miséricorde. C’est l’Avent.  

jeudi 10 décembre 2020

Solution de l'énigme




Ce sont des termites, communément assimilés ici aux fourmis ailées. La récolte des termites est un grand moment de la vie des villages kasaïens. Elle se fait de nuit et il faut sentir le moment où, des termitières, les insectes s’échapperont en nombre pour conquérir l’espace. C’est au début décembre, à la faveur d’une belle lune très spéciale. 

Les cultivateurs s’enfoncent dans leurs champs ou dans la brousse, repèrent des termitières et installent à quelques pas un piège: on fait un trou, on y met un sac ou un récipient et une lumière (lampe à pétrole) et on surveille quatre ou cinq installations à la fois. Lorsque l’envol des termites a lieu, ceux-ci sont attirés par la lumière et viennent tomber dans le piège. On n’a plus qu’à fermer le sac ou le récipient et le tour est joué.

Mais la concurrence entre les familles autour des nombreuses termitières de la campagne peut être féroce. Dimanche dernier, nous avons intercepté des policiers venant, au nom de la justice, mettre la pagaille au village suite à une plainte pour pugilat nocturne...

Lorsque les termites sont prisonniers, on leur enlève les ailes puis on les fait sécher au soleil pour les conserver pour les agapes de Noël et les bombances de la bonne Année...

mardi 8 décembre 2020

l'énigme de la semaine



Décembre est un mois joyeux au Kasaï. C’est le temps des récoltes. Le spectre de la famine est désormais derrière. On étale les fruits récoltés pour les sécher au soleil. Ici dans la cour de notre mission. Qu’est-ce que c’est ?  

dimanche 6 décembre 2020

la deuxième bougie de l’Avent

Le complexe de notre mission sur la Colline est composé de plusieurs constructions solidaires. La maison des Pères et la maison du Noviciat sont reliées par un bâtiment qui abrite une boutique de première nécessité et un petit dispensaire. Pour allerde chez les pères vers chez les novices, on passe par un corridor ajouré qui est situé derrière ce dispensaire et est séparé de lui par des fenêtres intérieures. 

J’emprunte ce couloir plusieurs fois par jour. Jeudi soir j’y ai vécu une aventure existentielle palpitante. Jallais souper, content de ma journée et fourbu ; j’avançais, lentement sans me presser, lorsque j’entendis, au fur et à mesure que japprochais, des cris de douleurs de femme venant du poste de santé. Cris lourds et graves au sens propre comme au sens figuré. Je passe tout près d’une fenêtre et voilà que soudainement – coup d’aile d’un ange ! - les cris changent : ce sont des cris de bébé, cris tout neufs et tout étonnés. Durant mes quinze mètres du couloir, j’ai assisté à une naissance. Je n’ai rien vu. J’ai tout entendu. C’est l’Avent.

jeudi 3 décembre 2020

l'ambition



Souvenir de vacances. L’Abbaye de Fontevraud, en Touraine, est un glorieux monastère disparu à la Révolution, mais dont la survie est due à Napoléon qui l’a transformé en prison. Les derniers prisonniers ont quitté les lieux à la fin du dernier siècle et l’Etat en a fait un espace culturel dédié à son histoire (monastique et carcérale) mais aussi au présent. Ainsi va-t-il falloir accepter des élucubrations contemporaines si nous souhaitons apprécier les splendeurs médiévales. 

 

L’église dans sa sobriété romane récemment restaurée est sublime et la lumière y glisse délicatement sur la blancheur des pierres. Malheureusement, un artiste a « installé » à l’entrée du chœur, devant l’autel, un ensemble assez laid de marionnettes en carton qu’un mécanisme fait tourner. Intitulé « le Roi nu », cet attirail est supposé représenter la ronde des ambitions des seigneurs Plantagenêt, grande famille du cru, dont l’importance pour le monastère et pour l’Europe n’est pas à démontrer. 

 Cela pour dire que, dans un art qui se voudrait eschatologique (mais il suffirait d’enlever la première syllabe de l’adjectif), chaque humain, tout grand ou petit qu’il soit, est égal à tous les autres lors du Jugement dernier. Oui, mais qu’en est-il des artistes ? On en vient pour certains à espérer un enfer éternel...

 Aliénor d’Aquitaine, reine de France puis d’Angleterre, ne semble pas de formaliser de ce manque de goût. Son gisant, trônant au milieu de la nef, la représente en train de lire un psautier. De quoi oublier ce qu’on fait aujourd’hui de sa mémoire !

 

lundi 30 novembre 2020

une formation continue en langage catholique

Profitez du temps de l'Avent pour mettre à jour la fluidité de votre langue catholique. 

Que celle-ci soit votre langue maternelle ou votre langue apprise sur le tôt ou sur le tard, il est toujours temps d'en rafraichir les bases et les concepts principaux: 



dimanche 29 novembre 2020

la première bougie de l'Avent

Jean était un des balami (assistants pastoraux) de la paroisse. Un bon type, un type bon. Une maladie des yeux lui a imposé d’abandonner progressivement toute activité tant professionnelle (il est cultivateur comme la plupart de nos paroissiens) que pastorale. Il a une grande famille avec des enfants encore jeunes et des grands dont certains sont déjà mariés, d’autres ont migré soit à Kananga, capitale provinciale, soit à Kinshasa, capitale nationale. Ses garçons qui sont au loin l’ont d’ailleurs fait venir et payé les frais d’une thérapie ophtalmique à Kin qui malheureusement n’a pas eu les effets escomptés et Jean est revenu sur la colline, désormais aveugle. 

Ce dimanche matin, premier de l’Avent, je concélèbre la messe. Peu après l’introduction, la chorale chante « Mfumu utufuile luse », « Seigneur prends pitié de nous »... La porte de l’église est ouverte et je vois depuis ma place au chœur, en vue plongeante dans la lumière d’un clair matin, Jean arriver à la messe d’un pas mal assuré, tenu par les mains d’un côté par un vieux papa (un voisin) et de l’autre par un enfant (son petit fils ?)... Le groupe entre lentement dans l’église et s’installe, chacun des acolytes guidant le malvoyant dans les bancs... C’est la prière d’ouverture : « Seigneur, donne-nous d’aller avec courage sur les chemins de la justice... » Jean est immobile, il prie. C’est l’Avent.  

jeudi 26 novembre 2020

le blocus



Au Congo comme ailleurs, les scolarités ont été gravement perturbées par le covid. Dans les formations universitaires, les étudiants bataillent en plein novembre avec les sessions et les examens à rattraper pour valider la triste année 19-20. La rentrée académique a lieu en décembre... 

Parmi les jeunes que je soutiens, Théo, le directeur de notre chorale des jeunes, fait une formation supérieure en soins infirmiers. Il vient demander une prière avant le « blocus » et la grande session d’examens. Je m’interroge : comment prie-t-on pour un blocus ? quelle prière formuler et quel protecteur invoquer ? Il faut que je me renseigne plus exactement sur ce qu’est un blocus. J’imagine en effet qu’il s’agit d’un temps de retraite studieuse, loin du monde et de ses tentations, que l’université offre aux étudiants pour réviser leurs cours et préparer leurs examens. Blocus ferait alors allusion à des routes bloquées et autres chemins coupés pour que les distractions n’atteignent pas les sueurs des jeunes assiégés dans une citadelle studieuse.

Mais Théo m’explique la vraie étymologie du mot. Le blocus est un temps pour bloquer. Ce terme « pédagogique » congolais signifie « apprendre par cœur » la matière des cours afin de la resservir « intacte » lors des examens. Comme si l’idéal de la formation était la congélation du savoir ! Il devrait y avoir une voie moyenne et sage entre le peu de place que laissent à la mémorisation les enseignements en Europe et le blocus sévère de la didactique africaine. 

 

mardi 24 novembre 2020

la solution de l'énigme


Un papillon !

 

A quoi cela sert un papillon ?

Le biologiste, tout érudit qu’il soit,

Répond à côté !

Le photographe,

S’il se fait humble,

S’approche de la bonne réponse,

Qui est dans la bouche du poète. 

Un papillon cela ne sert à rien !

A rien, 

Si ce n’est à s’extasier 

Que le beau soit si beau

ET que le beau soit si inutile. 

  

jeudi 19 novembre 2020

la gastronomie de la brousse



Octobre et novembre sont des mois tragiques pour l’économie de subsistance des villages congolais. Surtout cette année. L’économie régresse, le taux du dollar progresse honteusement, les produits de consommation deviennent inabordables, les greniers sont presque vides et la récolte est pour décembre. La malnutrition et la faim rôdent autour et dans les petites cases de chaumes.

Et comme si ce n’était pas suffisant, des maladies animales déciment les élevages de poules et de cochons. Dans notre mission nous perdons un grand porc et des dizaines de poules. Le cochon est prestement enterré dans la brousse mais, après quelques minutes et le calme revenu, des villageois viennent le déterrer en catimini, le dépècent en catimini et vendent - en catimini sans certificat d’origine contrôlée - des morceaux aux voisins, ou du moins à ceux qui peuvent se les payer. 

Les jours suivants notre centre de santé est assailli, l’infirmier s’interroge et les médicaments contre les ennuis gastriques font long feu. Disette aussi à la pharmacie. Une guerre intestine – si j’ose dire – anime le village lorsqu’on apprend la cause des déboires digestifs. Tragédie et comédie font bon ménage sous les manguiers... 

A propos, seule consolation : la récolte des mangues bat son plein, les enfants montent aux arbres et croquent à pleines dents la chair pulpeusement orangée de ces fruits merveilleux. C’est un dièse joyeux dans cette mélodie du malheur. 




un immense monsieur du Congo



Denis Mukwege: "Nous avons soigné plus de 50'000 femmes violées"

Menacé de mort après avoir dénoncé un nouveau massacre de plus en République démocratique du Congo, le Prix Nobel de la Paix et gynécologue Denis Mukwege en appelle à la justice pour les crimes perpétrés dans son pays. Interview.

Par Marie Destraz et Roger Puati, Protestinfo

Prix Nobel de la Paix 2018, le gynécologue Denis Mukwege est connu dans le monde comme "l’homme qui répare les femmes" victimes de violences sexuelles en République démocratique du Congo (RDC). Depuis un mois, son hôpital de Panzi, dans la ville de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, à l’est du pays, est sous protection. Après avoir dénoncé un nouveau massacre à Kipupu en juillet, ce militant invétéré des droits humains et prédicateur chrétien est à nouveau menacé de mort.

En octobre 2020, le Conseil des droits de l’homme à Genève a prolongé d’un an le mandat du groupe d’experts internationaux sur la situation au Kasaï. Quelques semaines plus tôt, le Parlement européen invitait les États membres du Conseil de sécurité des Nations Unies à demander la mise en place d’un tribunal pénal international en RDC. Interview.

Depuis un mois, vous êtes sous protection, tout comme votre hôpital de Panzi. Quelle en est la raison?

En dénonçant le massacre commis à Kipupu en juillet dernier, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Des appels à la violence ont été lancés à mon encontre. Ma famille et moi-même avons vécu une période d’intimidation et d’insultes. Il était devenu très difficile de continuer à soigner les malades dans ces conditions. Ces menaces de mort ne sont pas des paroles en l’air. Certains de mes proches ont déjà été assassinés. Depuis trois semaines, l’hôpital de Panzi, où je vis depuis 2013, est donc sous la protection d’agents des Nations Unies. Grâce à une mobilisation nationale et internationale notamment. Je suis protégé, ainsi que les malades et le personnel soignant.

En dénonçant le massacre de Kipupu, vous n’en êtes pas à votre coup d’essai.

Nous vivons des atrocités. Des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité sont commis à l’est de la RDC depuis bientôt un quart de siècle. Malheureusement, il règne une indifférence assourdissante face à la situation de cette partie du monde, où le corps des femmes est utilisé comme champ de bataille. À Panzi, nous avons déjà soigné plus de 50'000 femmes, allant des bébés aux personnes âgées. Elles subissent des viols et de mutilations d’une extrême violence, on va jusqu’à brûler leurs parties génitales. Nous avons dénoncé cette situation il y a vingt ans, mais n’avons jamais eu de solution qui permette à la population locale de vivre en paix.

"Aujourd’hui, nous attendons que des pays comme la Suisse se lèvent et disent que ces atrocités ne peuvent pas être tolérées"

Vous n’avez de cesse d’appeler à la justice internationale face aux crimes commis en RDC. Êtes-vous entendu?

La réponse de la communauté internationale est timide. Même si l’appel du Parlement européen lancé il y a quelques jours aux États membres du Conseil de sécurité des Nations Unies à demander la création d’un tribunal pénal international en RDC est encourageant.

Nous demandons à ce que d’autres pays l’emboîtent, à ce que l’Église joue son rôle prophétique et sensibilise le monde à cette souffrance, qu’elle soit notre porte-parole, la voix des sans-voix pour qu’enfin un tribunal soit installé, permettant à la population de l’Est du pays de vivre en paix. Car sans justice, il ne peut y avoir de paix.

Depuis plus de vingt ans, nous avons la force onusienne la plus importante déployée sur plusieurs zones de conflits. Et pourtant les crimes se poursuivent, les femmes sont toujours violées. Nous parlons de millions de morts et de centaines de milliers de femmes violées. Nous nous trouvons donc dans une crise humanitaire majeure. Le monde doit pouvoir exiger que les commanditaires et les exécutants de ces crimes, des criminels qui pour certains sont toujours en uniforme, puissent répondre de leurs actes devant les juridictions compétentes.

Pensez-vous que la Suisse, qui a dénoncé les menaces à votre encontre devant le Conseil des droits de l’homme, puisse jouer un rôle dans cette émergence de la justice pour la RDC?

La Suisse est connue pour sa neutralité. La neutralité ne signifie pas l’indifférence, mais l’absence de parti pris. Être neutre, c’est dire la vérité et rien que la vérité. Nous avons besoin d’une telle voix. Aujourd’hui, nous attendons que des pays comme la Suisse se lèvent et disent que ces atrocités ne peuvent pas être tolérées.

Quels sont les obstacles majeurs qui empêchent la communauté internationale de bouger?

La RDC est un pays très riche en ressources naturelles. Le développement technologique du XXIe siècle ne pourra se faire sans la RDC. Aujourd’hui, il est impossible de parler de voiture électrique ou de matériel électronique sans parler du cobalt, du coltan ou encore du lithium extraits en RDC.

Or nous observons des activités de pillages de ces ressources naturelles. Et ceux qui les commentent ont des appuis puissants à l’extérieur du pays, qui étouffent les voix qui tentent de se lever pour réclamer la paix, car le pillage se fait dans un chaos total. Et sans ce chaos, le pillage n’est pas possible. Aujourd’hui, le grand obstacle provient de ceux qui profitent de cette guerre, qui achètent ces minerais aux bandes armées.

Quelle est la solution?

Nous voulons appeler à une prise de conscience: lorsque vous possédez un smartphone, que vous conduisez une voiture électrique, pensez aux millions de personnes tuées et aux femmes violées en RDC. Il ne s’agit pas de se débarrasser de ces objets, car nous avons en besoin, il s’agit de dénoncer. Nous pouvons exploiter ces minerais sans tuer, violer, et exploiter les enfants. Ces minerais peuvent être propres, or aujourd’hui, ils sont tachés du sang des Congolais.

N’y a-t-il pas une solidarité entre les États africains?

Plusieurs présidents sur le continent se réclament du panafricanisme. Mais qu’est-ce que le panafricanisme si on laisse certains États en envahir d’autres et participer au dépècement de la RDC? Nous avons besoin de cette solidarité africaine. L’Afrique ne va pas se construire par des violences, des pillages, et des conspirations entre Africains, mais bien dans l’unité, et la mise en commun de nos savoir-faire, pour utiliser nos ressources naturelles et mettre fin à l’exportation des matières brutes, avant qu’elles ne soient en partie transformées sur place.

"Fermer les yeux sur les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, revient à accepter qu’ils se répètent."

Ceci éviterait que nos enfants continuent de mourir dans la mer Méditerranée en tentant de suivre ces minerais, périssant dans leur voyage vers les terres promises. Je pense qu’il encore possible de garder nos cerveaux, de créer des richesses en Afrique, pour que notre jeunesse ne continue pas à errer dans des déserts et mourir dans des mers.

Il y a dix ans sortait le rapport «Mapping» de l’ONU qui épingle des violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire commis en RDC entre 1993 et 2003. Comment expliquer que rien ne bouge, ce que vous dénoncez d’ailleurs?

Ce rapport fait honte à l’ONU. Réaliser un tel rapport et le mettre dans un tiroir, sous les menaces des États responsables des crimes, est une faiblesse. Il doit être mis sur la table, il en va de la crédibilité de l’ONU. Fermer les yeux sur les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, revient à accepter qu’ils se répètent. Or après 1945, le monde avait dit «plus jamais ça».

La plus grande honte reste d’essayer de cacher la vérité. Si l'on avait pris la mesure de la chose en 2010, lors de sa publication, les Congolais n’auraient pas eu à subir une nouvelle décennie de violences.

Que réclamez-vous aujourd’hui?

Le rapport «Mapping» est un outil pour créer la justice. Il fait état de 617 crimes de guerre et contre l’humanité et propose de créer des juridictions pour y faire face. Lorsqu’on l’analyse, on s’aperçoit qu’elles ne peuvent être uniquement nationales: beaucoup trop d’étrangers ont participé à ces crimes. On note également qu’un organe international tel que la Cour pénale internationale n’est pas compétent s’agissant des crimes commis avant 2002, date de sa création.

Il est nécessaire de mettre en place différents mécanismes permettant à la vérité d’être dite, afin de créer une mémoire et qu’ainsi ces crimes ne se reproduisent pas. Il faut également des mécanismes qui permettent des réparations pour les victimes, et l’entrée dans une phase de réconciliation en RDC, mais aussi avec les pays voisins. Il est inutile de vivre à couteaux tirés pendant des générations.

Vous êtes chrétien, protestant pentecôtiste. Faites-vous un lien entre votre foi et votre militance pour les droits humains?

Je ne peux pas dire que ce que je fais n’est pas inspiré par ma foi. Je suis chrétien, donc un disciple de Jésus-Christ. Jésus est venu pour les exclus, les estropiés, les aveugles, les lépreux. Et je crois qu’aujourd’hui, nous fermons les yeux alors que nous avons plein de lépreux, d’estropiés et d’exclus dans notre société. Lorsque je prends la parole dans les églises, je les rends attentives au fait que si elles sont là pour les personnes qui ont réussi et qu’elles ne voient pas ce qui se passe dans la société, particulièrement pour les plus démunis, les plus vulnérables, les personnes rejetées, c’est qu’elles ont perdu leur grande mission, leur rôle prophétique. L’Église ne doit pas seulement en porter le nom et en oublier la mission.

Je suis donc inspiré par ma foi, mais aussi par l’humanisme. Si Dieu m’a donné des talents, c’est pour qu’ils puissent servir aux autres. Je crois que ma foi m’aide à voir l’autre comme mon semblable et à être un militant des droits humains.

La RDC est actuellement dirigée par le président Félix Tshisekedi, qui n’est pas mêlé aux guerres du pays, qu’en attendez-vous?

Le président de la République de la RDC n’a pas les mains sales. Il n’a pas été mêlé aux crimes évoqués. Je crois qu’aujourd’hui, il a une chance unique de faire la différence. Il serait regrettable qu’il rate cette occasion, en tant que Congolais, de sortir le peuple de l’assujettissement. Aujourd’hui, les femmes subissent l’asservissement dans ce pays. En me rendant à Kinshasa, où nous installons une clinique de prise en charge holistique pour les victimes de violence sexuelles, j’ai vu des enfants âgés de moins de 10 ans en train de se prostituer, et les gens fermaient les yeux. Il n’y a pas pire asservissement que ça. S’il passe à côté de cette opportunité de libérer les Congolais de cette souffrance inouïe qui dure depuis un quart de siècle, de mettre fin à ses crimes, il aura raté sa mission prophétique. (cath.ch/protestinfo/md/rp/rz)


mardi 17 novembre 2020

la solution de l'énigme, dans le domaine de la musique traditionnelle



Dans l’énigme précédente, je présentais un maraca typique du Congo. Toujours dans la même famille d’instruments à percussion traditionnels et artisanaux, voici une espèce de boîte-panier en petits bambous de 30 cm sur 30 et d’une épaisseur de 3 cm. Hermétiquement clos, l’instrument contient des grains. On peut l’agiter en rythme mais aussi laisser les grains s’écouler sur les bambous de façon à donner un son de grelot qui se prolonge.

Combiné avec le maraca et le tamtam, on peut varier à l’infini les longueurs de son ou l’agiter plus vigoureusement. 

J’avais présenté un maraca fait avec une « boite métallique, en voici un autre fait entièrement de produits naturels, des cosses de fruits faisant office de réceptacles aux grains, montées sur une tige poignée.  

 

jeudi 12 novembre 2020

l'ombre d'une cathédrale




SOUVENIR LITTERAIRE DE MES VACANCES EN FRANCE.

Une des œuvres les plus passionnantes de Balzac est un petit roman qui s’appelle Le Curé de Tours. Le personnage éponyme est un vicaire dodu dont la passion est de vivre tranquille à l’ombre de la cathédrale de Tours, dans la petite maison de Mademoiselle Gamard qui donne pension à des prêtres qu’elle dorlote ou martyrise en fonction de ses humeurs et rancoeurs de vieille fille. Un portrait extraordinaire de caractères étroits comme des insectes enfermés dans un vieux bocal. 

 

Les personnages et les lieux sont décrits avec tant de finesse et de pittoresque par le génial écrivain que lors d’un passage en Touraine, je ne pus manquer de visiter la cathédrale Saint Gatien et ses alentours pour retrouver quelques effluves de l’abbé Birotteau et de la Gamard. 

 

Balzac fait sentir avec brio l’ambiance de ces courettes et maisons enlacées bizarrement dans les arcs-boutants de la cathédrale. Aujourd’hui tout est plus propre, plus clair, moins boueux et fermé... Le pauvre vicaire Birotteau, avec ses manies coincées, des ambitions frustes et ses désirs obtus, n’y retrouverait plus son bréviaire jauni. C’est tant mieux.

 

Ce qui aujourd’hui garde le souvenir de la pension Camard est une petite maison qui fait l’angle d’une ruelle entre la cathédrale et un grand lycée général et technologique. Ironie du sort. Tout technologique qu’il soit, j’espère que dans ce lycée on lit Balzac. Cela ouvre l’esprit. 

mardi 10 novembre 2020

la solution de l'énigme culturelle


C’est un instrument de percussion africain, appelé en langue locale dikasa (tshiluba du Kasaï, RDC, où je travaille) . 

En fait c’est une sorte de maracas de fortune : un manche, un récipient (ici un déodorant masculin détourné de son usage) rempli de grains (riz ou gravier) que l’on agite pour donner du rythme aux chants. C’est un des instruments manuels qui accompagnent le tamtam, placé sur le côté de la nef, au bas du chœur de l’église. 

Ces maracas sont très utilisé dans la liturgie au Congo, en RO (français ou langues locales) ou en rite zaïrois. 

Le rite zaïrois est plutôt rare actuellement, il faut beaucoup chercher une messe en ce rite, dans les nombreuses paroisses de Kinshasa. Il est plus facile de trouver une messe RO avec l’ordinaire chanté en latin (les chorales latino-françaises étant nombreuses). Le grégorien est souvent de qualité tout à fait satisfaisante. 

L’instrument, ici photographié par moi lors d’une escale à Kinshasa, est  très rudimentaire et artisanal. Il est utilisé par les postulants des Pères missionnaires du Verbe divin, lors de la liturgie des heures ou la messe. 

Ici l’instrument n’a vraiment aucune allure visuelle, mais l’effet sonore est tout à fait satisfaisant. Même faits de façon très simple j’en ai trouvé de facture vraiment artistique, avec un manche orné et avec des rainures et des trous disposés esthétiquement sur la surface de la partie creuse métallique qui contient les grains. Ici l’esthétique est vraiment « limite » mais le son est bon !



 

 

vendredi 30 octobre 2020

la jungle urbaine

Souvenir de vacances d'été. Les villes ne savent plus qu’inventer pour animer leur cœur touristique et commercial. C’est à qui peut être le plus original et dans ce sens la ville de Tours au centre de la France a, me semble-t-il, marqué un point. 

A un carrefour, entre la gare, les fast-foods américains et arabes, les magasins de prêt-à-porter et un arrêt de tram, la municipalité a installé un énorme rhinocéros dans une matière moderne et indéfinissable mais blanche ou plutôt gris clair. L’animal trône placidement au milieu de l’agitation générale de cette autre jungle.

Il fait bon s’installer à proximité et voir comment les badauds s’approprient l’animal. Des étudiants mangent leurs hamburgers sur le socle aux pieds de la bête, des vieilles dames semblent se raconter leurs misères de santé en se promenant sans voir le monstre, un couple s’arrête et pose un cabas surchargé et trop pesant qu’il portait pourtant de concert, chacun une main à une anse. Regard distrait et fatigué vers l’immense corne...

Puis arrive une chaise roulante. Une dame âgée y pousse celui, immobile et hagard, qui doit être son mari. Le rythme est lent, calme. Ils passent devant le rhinocéros sans s’arrêter, lui jetant juste un coup d’œil. Celui-là ne va pas les brutaliser dans sa gangue de plastique. Et puis ils ont tellement eu d’attaques de fauves dans leur vie que ce n’est pas un rhinocéros de plus qui va les perturber. Ils poursuivent leur chemin vers la gare. Tranquillement. La vie de la jungle urbaine continue sous l’œil goguenard du rhinocéros. 

samedi 24 octobre 2020

notre Eglise


Personne ne se sauve tout seul.

Magnifique message pastoral de Mgr Jean-Marie Lovey pour une Eglise de proximité:

La récente encyclique, Fratelli Tutti, s’ouvre, dans son premier chapitre, sur les ‘’Ombres d’un monde fermé’’. Parmi ces ombres, le Pape François pointe la pandémie de Covid-19. Cette crise nous fait prendre conscience de notre appartenance à ‘’une communauté mondiale... où le mal de l’un porte préjudice à tout le monde ’’. De cette prise de conscience découle le pas suivant affirmé par le Pape avec la vigueur d’une certitude « Personne ne se sauve tout seul, il n’est possible de se sauver qu’ensemble» (N° 32).

Au moment où nos autorités sanitaires et politiques durcissent les mesures pour endiguer le mal, c’est un devoir pour nous, membres de l’Eglise et citoyens de ce pays, de faire corps avec les personnes qui en décident ainsi, pour le bien des habitants. On pourrait chercher les incohérences, les contradictions même dans les mesures édictées, et il y en a ; puis s’en plaindre, en faire un objet de réquisitoire, voire de querelle. De nombreux courriers que nous recevons témoignent de ce glissement possible, d’autres affirment qu’il faudrait arrêter momentanément toute activité pastorale. Entre deux, d’autres témoignent d’un chemin différent que je vous invite à emprunter : le chemin étroit de la proximité et du contact personnel ou en petits groupes. Une correspondante en donne le ton :

Il me semble que le temps est venu d'entrer en résistance, non pas contre les décisions des autorités qui doivent être scrupuleusement observées, mais contre cet esprit malin de division, sous la forme minime d'un virus, qui empêche les rassemblements communautaires qui sont le coeur de notre vie chrétienne, même s'ils n'en sont pas le tout.

Puisque le rassemblement de grandes communautés n'est plus possible pour... on ne sait pas combien de temps, formons de petites communautés, qui se rassemblent à 4,5,6 ...10 habitants de quartiers, d'immeubles, dans la plus grande prudence, pour partager l'évangile et prier ensemble.

A ce propos, il est opportun de constater qu’on peut tirer profit de la pandémie ; elle interroge la conscience des chrétiens qui pensent que leur prière ne peut se vivre qu’en présence d’un prêtre, le dimanche, et à l’église. La pandémie ébranle cette idée encore très présente et ouvre le champ d’une prière entre baptisés, aussi en semaine, et à la maison.

Suite à la première vague, le SDD a lancé une enquête en ligne et auprès de groupes, pour que nous puissions tirer parti de cette expérience. Il en ressort un fourmillement de réactions et de propositions.

Au moment où la pandémie nous empêche de nous rassembler en plus grande communautés, dans les églises paroissiales, ne manquons pas l’occasion des contacts individuels personnalisés.

§ Aux visites de familles pour lesquelles les prêtres n’ont souvent pas assez de temps disponible peuvent s’ajouter

§ La Communion à domicile. On peut convier les auxiliaires de l’Eucharistie qui après avoir participé à la messe sont envoyés par le curé auprès des absents pour apporter l’Eucharistie ;

§ Les visites personnelles notamment auprès des familles endeuillées ou en difficultés économiques ;

§ Des Messes de quartier, de maison, de famille. Sortons nos autels portatifs et faisons vivre l’Eglise domestique ;

§ Une invitation à méditer la Parole de Dieu en petits groupes ; « j’ai dévoré tes paroles elles ont fait la joie de mon cœur » (Jér 15, 16).

§ Une mobilisation des enfants qui dessinent pour les résidents EMS, les malades ;

§ Continuons à orner les églises, à inviter à la prière personnelle par les cloches qui sonnent aux heures habituelles de la messe ;

§ Rendons-nous disponibles pour aller sur le cimetière le 1er novembre simplement pour saluer individuellement les familles présentes, partager un bref temps de prière et un signe de sympathie.

La liste pourrait s’allonger , l’objectif étant de vivre la communion et l’unité, malgré tout, malgré la dispersion à laquelle nous obligent les mesures sanitaires. Puisque la communauté ne peut se rassembler en plus grand nombre, eh bien divisons-nous, puisqu'il le faut, mais pour nous répandre mieux, comme les grains de l'épi. Il serait fou, le cultivateur qui sèmerait des épis.

Cette image reprise de vos réactions nous encourage à porter sur la difficulté du moment un regard d’Espérance. N’est-ce pas là un des témoignages les plus urgents que les chrétiens ont à apporter au monde entier atteint par la tragédie de la pandémie ? La division ici est plutôt une démultiplication.

Ainsi pour la catéchèse, ou les différents groupes : on peut sans doute maintenir les rencontres, en divisant les effectifs. Cela demande du temps et de l'engagement, mais si nous ne le faisons pas, nous reconnaissons que ce n'est pas si important, puisqu'on peut aisément reporter, voire supprimer ces rencontres.

Comment ne pas remercier toutes les personnes qui s’engagent généreusement pour qu’à travers elles, l’Esprit Saint trouve le chemin des cœurs meurtris pour les consoler. ‘’Personne ne se sauve tout seul.’’ A l’intention des prêtres, dans ce sens, j’active le Can. 905 §2 selon lequel ils pourront célébrer 2 messes par jour, voire 3 les dimanches et jours de fête. Confiants en votre sens pastoral et ecclésial, en votre désir de servir chacun des membres de vos communautés, je vous redis ma gratitude et celle des membres de l’Ordinariat pour votre irremplaçable collaboration. Que le Seigneur entende notre prière quand elle demande que le monde entier soit libéré du mal.

 Octobre 2020

+ Jean-Marie Lovey crb évêque de Sion.

vendredi 23 octobre 2020

un souvenir de vacances : Galilée vaudoise



Le site de l’abbatiale de Payerne est à nouveau ouvert après une campagne de restauration et de mise en valeur muséographique. Et cela vaut le déplacement, tant pour l’éternelle beauté sobre de l’église romane que pour les animations technologiques que le parcours présente. 

Il faut d’abord s’imprégner, sur le parvis, de l’ambiance de la Place du Marché et de son café qui affiche ses heures d’été ou d’hiver. C’est le monde et les saisons ordinaires d’une petite ville assez sage sauf au temps de son carnaval.

Puis déplaçons-nous en galilée. Les moines de Cluny appelaient ainsi le narthex, c’est-à-dire l’espace préambule, le sas spirituel, entre la porte qui vient de la cité et celle qui permet d’entrer dans la nef de l’église. Le nom biblique a été inculturé en architecture pour des raisons éminemment mystiques : allusion au dernier moment sur terre de Jésus Ressuscité ; il a convoqué ses disciples en Galilée et de là est monté au ciel rejoindre notre Père.

Les moines de Cluny et de Payerne savaient bien qu’il s’agit pour nous de faire la même démarche. D’abord vivons la vie, si ordinaire et souvent triviale, sur nos Places du Marché. Puis laissons-nous convoquer en Galilée, avant d’entrer par la porte du ciel dans la nef de l’Eglise d’en haut où le Dieu de Gloire nous attend, nous et nos louanges.

Visiter une église – et surtout une église romane clunisienne, n’est jamais anodin. C’est s’entraîner à une démarche essentielle, qui nous conduit de la terre au ciel. Du terre à terre à une Lumière indiscible.