samedi 29 juin 2019

la canicule au bac

Il ne fait pas très chaud ces temps au Kasaï. Même si entre mai et août c’est la saison sèche, la température est plutôt fraîche : tout en étant sous les tropiques, nous sommes dans l’hémisphère austral.
Là où la température est montée très haut – psychologiquement s’entend -  c’est autour des écoles qui accueillaient la semaine dernière les examens d’Etat, le bac congolais. Le niveau de corruption est tellement grand que les examens ont plus lieu hors des salles, devant les lycées qu’à l’intérieur.
Lorsque la session est officiellement ouverte, les questions sont distribuées aux élèves selon un système administratif très centralisé et apparemment cadré. Mais aussitôt, par un subterfuge lié à des dessous de table, les questions sont traitées dans la cour de récréation par les professeurs des différentes écoles qui diffusent les réponses à leurs élèves, normalement par téléphone ! 
C’est ce qu’on appelle les « laboratoires ». C’est simplement de la tricherie grossièrement organisée et établie sur une longue tradition. Tous les élèves et la plupart des professeurs ne connaissent que cette manière de faire.... La présence de policiers s’y change rien ; on peut aussi leur mettre des billets dans la poche. 
Les évêques eux-mêmes tirent la sonnette d’alarme dans leur dernier message sur l’état du pays : 
L’institutionnalisation de la corruption dans les milieux éducatifs, surtout dans l’organisation des examens d’Etat, compromet gravement l’avenir de notre jeunesse. (CENCO, 21 juin 19)
C’est bien de mettre le doigt sur cette plaie parmi toutes les autres. Mais rien ne montre que les écoles catholiques ont un comportement plus moral que les autres. Si le message des évêques doit avoir un impact, il faut aussi que les évêques balaient devant la porte de leurs écoles !

samedi 22 juin 2019

foot, fun and femmes

J’arrive sur ma Colline au Congo les yeux pleins du violet et du mauve de la grève des femmes en Suisse. J’arrive sur la colline pendant les huitièmes de finale de la Coupe du monde féminine. J’arrive sur ma colline alors que toute l’Afrique commence à vibrer de SA coupe de Foot, la CAN. 
Après une bonne nuit à digérer l’avion, je vis ce matin un petit événement  qui synthétise tout cela. Les religieuses et religieux de notre archidiocèse organisent aujourd’hui leur excursion annuelle sur notre colline qui se profile comme le lieu de détente physique et spirituelle de notre région. 
Comme la moyenne d’âge des consacrés est très basse au Congo, pas de problème pour organiser une match de foot féminin : Sœurs du Cœur immaculé du Marie et Sœurs Amies du Christ contre Sœurs Servantes de pauvres et Sœurs de saint Vincent de Paul. 
Ambiance sur le terrain et autour. 
Ceux qui apprécient les maillots qui portent les couleurs des entreprises valaisannes jusque sous les tropiques, pourront inciter ces entreprises à donner un petit coup de pouce aux activités missionnaires et sportives de l’Abbaye de Saint-Maurice dans la savane !









mercredi 19 juin 2019

l'humilité

Je suis en escale pour trois jours à Kinshasa (RDC) avant de rejoindre mon Kasaï. Je loge dans une pension religieuse. Entre ma chambre et la chapelle, je traverse une cour goudronnée et poussiéreuse, royaume de gigantesques et placides lézards gris à tête rouge ou verte ou presque bleue. Chemin faisant, nous nous regardons comme des monstres. Je me prends à penser aux dinosaures des temps jadis. 
Or je fais fausse route : les animaux descendant des dinausaures seraient, disent les paléo-biologistes plutôt les poules que les lézards à crêtes rouges. Me revient à la mémoire une lecture de Michel Serres récemment disparu. Dans un petit ouvrage vivifiant C’était mieux avant !, l’auteur réfléchit sur le désarroi des « grands-papas ronchons » qui voient que la France n’est plus la puissance qu’elle était. Etait-ce vraiment mieux avant au temps des millions de morts de l’Empire napoléonien, par exemple ? 
Et de poursuivre par une réflexion plus large et féconde. Alors qu’on croit facilement que devenir puissance dominatrice est le salut, le passé de la terre montre le contraire. La seule chance de survie d’une espèce vivante est dans l’humilité et la petitesse. 
Tous les dinosaures ont diparu... mais en fait pas vraiment : sont restés ceux qui ont eu l’humilité d’évoluer en paisibles volatiles... 
Le salut ne vient que de l’humilité, la discrétion et la petitesse. Cela fait des siècles que les Eglises propagent cette parole d’évangile. Elle deviendra peut-être enfin efficace quand les Eglises elles-mêmes la pratiqueront. De gré ou de force. 

jeudi 6 juin 2019

le loup

La mer moutonne.
La solution est simple.
Transférons tous les loups des montagnes 
Vers la mer !

(petite réflexion devant le loup blanc 
et l’Océan atlantique,
à Seignosse dans les Landes !) 

dimanche 2 juin 2019

la technologie

Rapide pèlerinage à Lourdes. J’aime m’attarder devant la basilique avec mon modeste appareil de photo à saisir un moment de grâce, donné en cadeau par le hasard et la magie du lieu. Je guette en effet une de ces rencontres fortuites entre les personnages des grandes mosaïques modernes et les pèlerins qui circulent sur l’esplanade.
C’est toujours passionnant et aujourd’hui je suis gâté. Sous les visages de Pierre, Jacques et Jean ébahis devant la Transfiguration, une petite dame est assise sur un rebord, comme aux pieds des apôtres et contemple tranfigurée... quoi d’autre que son téléphone portable !
Et elle reste là de longues minutes, insensible à ce qui se passe près d’elle, à ceux qui passent près d’elle ! Mais que fait-elle ? Bien sûr je pourrais lui reprocher de s’évader du réel, de se laisser emprisonner dans les mailles serrées de la technologie déshumanisante, etc. etc.... Mais qui suis-je pour juger cette sœur en humanité qui est peut-être plus humaine que moi ? Peut-être envoie-t-elle un message de solidarité à une amie malade. Peut-être lit-elle un texte spirituel. Peut-être récite-t-elle le chapelet (on peut même faire cela avec un portable aujourd’hui). Peut-être passe-t-elle son agenda électronique pour le poser devant Marie. 
Je serai désormais plus prudent avant de critiquer les fameux « prisonniers de leur portable », jeunes ou moins jeunes. Il faudrait d’abord que je me libère de mes prisons... En fait c’est vrai j’ai un appareil électronique en main !