lundi 29 juillet 2019

"Qu'ils restent chez eux !"



Ce n’est pas seulement le bateau renversé des migrants qui doit susciter notre indignation.  C’est aussi l’Europe sens dessus dessous, gorgée de biens et de maux, incapable de voir plus loin que les ports italiens, ou même que les rivages de Lybie...

Ces gens meurent par dizaines et même centaines en Méditerranée. C’est intolérable, de même qu’il est inadmissible d’accueillir tous les migrants illégaux qui tentent leurs malchances aux frontières continentales. 

L’Europe doit tout faire pour qu’ils puissent vivre et mourir sur la terre de leurs ancêtres, cette patrie africaine que l’Europe ne regarde pas. 

Car une bombe se prépare que refuse de voir l’aveuglement des deux Europes : celle de droite qui veut fermer tous les ports et celle de gauche qui veut ouvrir toutes les portes. Aucune des deux n’empêchera d’autres encore plus nombreux de venir par n’importe quel « couloir »...

Une explosion démographique est en train d’avoir lieu en Afrique et le mouvement migratoire ne va être résolu que si l’Europe s’occupe enfin intelligemment de l’Afrique, intelligemment pour leur propre survie (de l’Europe comme de l’Afrique) et pour la survie de ceux qui rament et meurent dans les eaux méditerranéennes et qui vont être de plus en plus nombreux...

Je vis au cœur de l’Afrique et je me sens autorisé à parler : les familles sont trop nombreuses pour que les enfants soient nourris, élevés et éduqués dignement. Les infrastructures ne suivent pas à cause de l’incurie de gouvernements qui ne font pas grand chose avec la complicité du Nord repu et avide. Les investissements stagnent, les perspectives sont aussi inertes que les ministres...

Dans ma paroisse congolaise, un papa gagne durement en deux jours ce que, dans ma paroisse européenne, un papa très sobre boit à la sortie du bureau : la petite bière du soir !

Donc la seule ressource pour les jeunes africains (qui sont connectés aux réseaux sociaux comme tous les jeunes européens mais avec moins de confort technique) est d’aller voir ailleurs et le mouvement va s’amplifier, si des politiques décloisonnées ne sont pas mises en place. 

Il faut donc retenir les Africains chez eux, non pas en créant des barrières et des quotas de toutes sortes mais en donnant de vraies et saines raisons d’espérer, en soutenant les gouvernements justes, les politiques et les économies équitables. ..

Tout le monde sait que lorsque l’économie va mieux, les indices démographiques s’améliorent et les gens reprennent espoir... chez eux.

Quand en Suisse comme ailleurs en Europe on renforce les frontières et affaiblit l’aide au développement, on va droit dans le mur. En matière de migration, la droite dure comme la gauche molle font toutes deux tout faux, par myopie géographique et historique. 

jeudi 25 juillet 2019

notre Père Abbé

Sortie de la messe dominicale
Notre Père Abbé de Saint-Maurice, Jean Scarcella, achève aujourd’hui sa visite fraternelle, paternelle et canonique sur notre colline sacrée. Ce fut un bon moment de partages, de travail et de mise en perspective de nos projets.

A part de grandes séances de travail, cette visite a été agrémentée, par de belles célébrations liturgiques (avec la participation de Pascal Tornay, récemment ordonnée en Suisse et en visite dans sa famille du Kasaï, par notre tournoi paroissial FOI - FOOT – FRATERNITE qui a vu la victoire de l’équipe St-Maurice  contre l’équipe Hirondelle... Par un week-end vocationnel : 48 candidats à l’entrée de notre communauté ont été accueillis et informés sur notre projet religieux...

La communauté de la Colline, Pères derrière, novices devant
Le Père Abbé et les cinq Pères 

Repas au Noviciat

Laudes avec les 48 candidats 

Entrée à la messe dominicale 
Les candidats qui feront le concours d'entrée en septembre 


 LE TOURNOI DE FOOT
Les vainqueurs du tournoi de foot

Foi-Foot-Fraternité : slogan du Père Abbé, sponsor du Tournoi

Un moment de la finale Saint-Maurice-Hirondelle

Joie des supporters des vainqueurs


jeudi 18 juillet 2019

la plus belle poubelle d’Afrique




Le Suisse de la colline au Kasaï veut une colline propre en ordre. Or ma colline n’est pas en douce Helvétie mais au cœur de l’Afrique, où les conceptions des déchets sont aussi exotiques que les conceptions de la démocratie, du rôle des femmes et du pouvoir des prêtres. Comme je ne peux pas tout résoudre « oecuméniquement », j’avance petit à petit notamment dans ce domaine de la gestion des déchets. 
Et toutes les stratégies sont bonnes pour impressionner visiteurs et familiers de notre mission et inciter à utiliser la poubelle. Depuis quelques années, les demi-tonneaux qui tiennent lieu de poubelles publiques sont insérés dans des socles bétonnés et peints en bleu avec l’inscription « Colline propre ». Une nouvelle étape vient d’être franchie. Je peins les poubelles en décoration esthétique style africain. Cela devint des œuvres d’art. J’espère que cela va porter des fruits car je crois réellement qu’esthétique, écologie et économie vont ensemble. 
Pourtant nous sommes très loin du compte. Car si la colline est propre et belle pour les yeux, l’élimination des déchets se fait en vrac dans de gros trous au fond des jardins. Il est très difficile de séparer les déchets de compost, les déchets électroniques et les autres. Ceci d’autant plus que je vois que, même avec la meilleure volonté du monde, la plupart de mes paroissiens n’arrivent pas toujours à faire la différence ontologique entre une feuille de manguier et une feuille de cahier... 

jeudi 11 juillet 2019

la lune


18h30. La nuit tombe sur ma Colline au Congo. Rapidement. Comme chaque jeudi, notre petite communauté termine son heure d’adoration dans notre oratoire. Dehors, après la répétition à l’église, jeunes et enfants de la chorale s’égaient sur la route poussiéreuse en direction du village...

Tout à coup un ensemble de cris diffus et variés monte de l’obscurité naissante. Je suis perplexe : pas des cris de peur, ni de deuil, ni de souffrance...  pas des cris de moquerie comme en ont souvent les enfants de par le monde. Non ce sont des cris de joie, mais d’une joie comme mystérieuse et presque mystique. 

Je mène mon enquête et j’apprends que tout ce petit monde a salué l’arrivée de la lune ! Au fond des collines tout à l’ouest, là où tantôt le soleil a pris ses quartiers de nuit, un petit croissant orange se dessine, très bas, comme posé sur l’horizon. Mystère.

Il faudra encore quelques jours pour que notre joie soit complète. Avec la lune, la soirée devient moins triste et sombre. Essayez d’imaginer un village sans électricité qui vit dans la nuit noire, avec de simples petits feux devant les cases, avec tout autour les sifflements des insectes, des reptiles, des oiseaux et des radios à piles des voisins. Une nuit d’encre de 18h45 à 6h30!

La lune devient alors l’amie qui accompagne les soirées : on peut traîner sur les chemins, chez les voisins, faire durer la palabre en voyant le visage de son interlocuteur, engager des flirts sous une lumière tamisée et éternelle. On n’est plus seul. 

vendredi 5 juillet 2019

un arbre

On aura toujours besoin d’un arbre
Pour protéger nos enfants.
On aura toujours besoin de ses racines 
Pour rassurer nos enfants.
On aura toujours besoin de son tronc 
Pour appuyer nos enfants.
On aura toujours besoin de son écorce
Pour endurcir nos enfants.
On aura toujours besoin de ses branches
Pour faire monter nos enfants.
On aura toujours besoin de sa sève
Pour épanouir nos enfants.
On aura toujours besoin de ses feuilles
Pour ombrager nos enfants.
On aura toujours besoin de ses fruits 
Pour nourrir nos enfants.
On aura toujours besoin d’un enfant
Pour protéger nos arbres. 

(photo : garçon du village, arbre de la colline, ils sont tous deux mes paroissiens congolais !)

jeudi 4 juillet 2019

taureau, vaches et veaux


Ce matin en promenade sur ma colline, je rencontre notre troupeau nonchalamment étendu sur la prairie... Un taureau, trois vaches et chacune un veau ! Leur paisible tranquillité est une sagesse qui parle à la mienne...