vendredi 30 octobre 2020

la jungle urbaine

Souvenir de vacances d'été. Les villes ne savent plus qu’inventer pour animer leur cœur touristique et commercial. C’est à qui peut être le plus original et dans ce sens la ville de Tours au centre de la France a, me semble-t-il, marqué un point. 

A un carrefour, entre la gare, les fast-foods américains et arabes, les magasins de prêt-à-porter et un arrêt de tram, la municipalité a installé un énorme rhinocéros dans une matière moderne et indéfinissable mais blanche ou plutôt gris clair. L’animal trône placidement au milieu de l’agitation générale de cette autre jungle.

Il fait bon s’installer à proximité et voir comment les badauds s’approprient l’animal. Des étudiants mangent leurs hamburgers sur le socle aux pieds de la bête, des vieilles dames semblent se raconter leurs misères de santé en se promenant sans voir le monstre, un couple s’arrête et pose un cabas surchargé et trop pesant qu’il portait pourtant de concert, chacun une main à une anse. Regard distrait et fatigué vers l’immense corne...

Puis arrive une chaise roulante. Une dame âgée y pousse celui, immobile et hagard, qui doit être son mari. Le rythme est lent, calme. Ils passent devant le rhinocéros sans s’arrêter, lui jetant juste un coup d’œil. Celui-là ne va pas les brutaliser dans sa gangue de plastique. Et puis ils ont tellement eu d’attaques de fauves dans leur vie que ce n’est pas un rhinocéros de plus qui va les perturber. Ils poursuivent leur chemin vers la gare. Tranquillement. La vie de la jungle urbaine continue sous l’œil goguenard du rhinocéros. 

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